
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Sam Rivers
Le free jazz est né dans les années 60 quand le peuple noir américain commençait à revendiquer, à haute voix, plus de liberté et de justice. Cette forme d'expression totalement libre permettait à chaque musicien d'improviser à sa guise et aussi longtemps qu'il le souhaitait. Cela donnait parfois de bons résultats, mais aussi des créations sonores plus difficiles à accepter pour les oreilles novices.
Cette humeur sonore plus radicale et agressive devait symboliser une rébellion de l’homme noir face aux exactions racistes des autorités blanches. Les héros de ce genre musical hybride s'appelaient Ornette Coleman, Cecil Taylor ou… Sam Rivers.
Sam Rivers s'en est allé le 26 décembre 2011 à l'âge de 88 ans. Saxophoniste, clarinettiste, flûtiste, il fut l'un des piliers du free jazz pendant près de 50 ans. Bien que sa musique n'ait jamais été acceptée par un large public, sa destinée et son discours méritent un regard bienveillant et nous éclairent sur la dimension sociale et raciale du free jazz.
Lorsque Sam Rivers fait paraître l'album «Fuchsia Swing Song» en 1964, il est déjà un artiste aguerri et perçu comme un original, un personnage imprévisible. Son talent et son esprit frondeur amusent Miles Davis qui l’emmène en tournée, notamment au Japon pour l'enregistrement d'un album live «Miles in Tokyo», mais leur collaboration ne s'inscrira pas dans la durée. Le jeu trop décalé de Sam Rivers ne conviendra pas au maestro qui préférera de loin la virtuosité de Wayne Shorter. Résultat, Sam Rivers sera congédié mais gardera de cette aventure avec Miles un souvenir fort, et l'exigence d'être musicien appliqué, concentré, et respectueux de la tradition.
Pour autant, à l'aube des années 70, c'est davantage l'expérimentation qui guide les pas de notre trublion. Il crée à New York, le « Rivbea Studio », un lieu ouvert où se croisent les improvisateurs de tous poils, et où les échanges interculturels peuvent se produire. Le « Rivbea Studio » devient une scène alternative où les instrumentistes les plus avant-gardistes refont le monde et se livrent à des expériences sonores inédites.
Sam Rivers était un drôle de personnage, enthousiaste, vif, attentif, bavard, qui avait toujours une idée derrière la tête, et avait su conserver son âme d'enfant, cette candeur qui lui permettait de s'émerveiller à chaque instant. Son large sourire et son visage un peu loufoque resteront gravés dans la mémoire de ceux qui l'auront croisé au cours de sa prodigieuse épopée. Sam Rivers voulait être libre… Comme sa musique !