
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Hommage à Donald Byrd
Dans l'histoire du jazz, il y a les traditionalistes et les avant-gardistes. Donald Byrd a fait partie de la deuxième catégorie. Tout au long de sa vie, il a cherché à surprendre, à sortir du cadre, à dépasser ses propres limites culturelles. Ce brillant trompettiste nous a quittés, le 4 février 2013, à l'âge de 80 ans. Contemporain de Miles Davis, John Coltrane, ou Dizzy Gillespie, il a façonné sa musicalité au contact direct de ses homologues. Sa lecture de la tradition jazz fut plus audacieuse et intrépide que bon nombre de ses aînés. Il comprit très tôt que cette différence allait marquer les esprits et attiser la curiosité.
De 1955 aux années 2000, il fut à l'écoute de la nouveauté, et des soubresauts de la culture noire, pour ne jamais se sentir hors sujet. Cette volonté farouche d'être toujours dans le coup lui a permis d'asseoir sa réputation d'homme libre et de trompettiste inventif. Si aujourd'hui, Donald Byrd est un nom respecté, et désormais inscrit dans les livres d'histoire, ce n'est pas par hasard. Dès son adolescence, il a joui d'un environnement musical propice à son développement artistique. Né dans les années 30, il s'est retrouvé plongé, à l'âge de 20 ans, dans l'ère du be-bop, l'une des révolutions majeures de « l'Epopée des musiques noires ». Il est donc logique que le jeune Donald Byrd, alors étudiant, ait épousé l'humeur, les rites et codes des virtuoses d'alors.
L'aventure de Donald Byrd est miraculeuse. En l'espace de 10 ans, il va croiser la route de musiciens qui deviendront des légendes, John Coltrane, Thelonious Monk, Lionel Hampton, Miles Davis, et tant d'autres… Des créateurs uniques qui inventent, devant ses yeux d'apprenti jazzman, un vocabulaire musical totalement inédit. Il ne peut qu'écouter et se nourrir de ce patrimoine sonore dont les contours se dessinent au fil des mois. Bientôt, il le sait, ce sera son tour, il faudra être prêt à répondre aux sollicitations, et briller dans le feu des projecteurs. C'est en 1955 que la roue tourne, Donald Byrd devient l'un des «Jazz Messengers» aux côtés du batteur, Art Blakey.
Pendant 20 ans, il fera la gloire du label Blue Note auquel il apporte son talent et son expertise. Il n'imagine alors sûrement pas que sa vie d'artiste va profondément évoluer au tournant des années 70. Jusqu'alors, il était un trompettiste de jazz, certes curieux et à l'affût de toute nouvelle sonorité, mais d'abord un trompettiste de jazz, c'est-à-dire, invisible aux yeux du grand public. En 1973, contre toute attente, la sonorité Jazz-Funk de son nouveau groupe, «The Blackbyrds», composé d'étudiants qu'il repère à Washington, fait mouche, et le hisse au rang des plus grands novateurs de l'époque. Dès lors, Donald Byrd ne cessera de tenter des expériences, d'inventer de nouvelles combinaisons musicales.
En 1993, Donald Byrd rencontre le rappeur Guru. Leur association va dynamiter l'image élitiste du jazz au profit d'une forme d'expression plus accessible, directe et basique, en un mot, efficace ! Grâce au projet «Jazzmatazz», Donald Byrd parvient à réconcilier deux mondes que tout opposait, mais surtout, il réunit une flopée de grands instrumentistes tout à fait disposés à magnifier le projet œcuménique d'un rappeur inspiré.
En 60 ans de carrière, Donald Byrd ne s'est jamais démenti. Il a cru en sa bonne étoile mais il a aussi et surtout fait confiance à ses interlocuteurs, et su sentir le vent tourner. Il est aujourd'hui un référent qui inspire les plus jeunes. Donald Byrd s'en est allé, il a rejoint Art Blakey, Dizzy Gillespie, Max Roach, John Coltrane, James Brown, et Guru… On n'ose à peine imaginer la jam-session au-delà des nuages !