Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

Leon Ware

Leon Ware. © www.leonware.com

En 1972, Michael Jackson a 14 ans... Bien qu'il soit un jeune artiste plein de ressources, le patron de Motown Records, Berry Gordy, lui adjoint un auteur «maison» qui veillera à écrire de jolies paroles pour cet adolescent très prometteur.

Ce compositeur zélé s'appelle Leon Ware. En dehors de quelques prestations pour les Isley Brothers en 1967, ce monsieur n'est pas encore une personnalité reconnue dans l'univers de la Soul-Music. Et pourtant, ses qualités indéniables de parolier, d'interprète, et de producteur vont inscrire son nom dans « L'Epopée des musiques noires ». Aujourd'hui, du haut de ses 74 ans, Leon Ware regarde avec beaucoup d'intérêt l'évolution de la musique noire-américaine au XXIème siècle, et accepte volontiers d'évoquer ses rencontres prestigieuses… Une vie toute entière au cœur de la culture noire.
(Crédits photo : Leon Ware © www.leonware.com)

Lorsqu'il se met à travailler sur l'album « Body Heat » de Quincy Jones en 1974, Leon Ware perçoit alors très clairement que sa carrière décolle, mais il n'imagine sûrement pas qu'une autre rencontre va accroître définitivement sa notoriété, et asseoir sa réputation d'auteur-compositeur-interprète de renom. Conçu et enregistré chez Marvin Gaye à Los Angeles en 1975, l'album « I Want You » sera, en effet, la plus belle réalisation de Leon Ware. Aujourd'hui encore, ses yeux brillent lorsqu'il narre cet épisode majeur de sa vie d'artiste. Cette fructueuse collaboration avec Marvin Gaye aura une incidence très positive sur la destinée de Leon Ware qui enregistrera dans la foulée son meilleur disque à ce jour « Musical Massage ».

Désormais dans la lumière des projecteurs, Leon Ware sent que son statut discret de compositeur-producteur émérite n'est plus d'actualité. Il doit rapidement s'adapter à sa nouvelle vie de « crooner » adulé par les demoiselles et respecté par les amateurs de Soul-Music soyeuse et ciselée. Si son attitude n'a pas changé, son image a évolué. Nous sommes à la fin des années 70, Leon Ware a bientôt 40 ans, et comprend qu'il a franchi une étape qui lui permet enfin de jouer dans la cour des grands.

Pour contrer les revers de la gloire, les sollicitations trop nombreuses, l'exposition médiatique trop intrusive, Leon Ware a toujours veillé à alterner les productions personnelles et les associations artistiques confidentielles. C'est ainsi qu'il accompagnera tout au long des années 80 et 90 des projets audacieux signés Bobby Womack, James Ingram, ou Maxwell.

Toujours à l'affût de la nouveauté, Leon Ware mettra son savoir-faire à disposition de la jeune génération. Il sera ainsi perçu comme l'un des maîtres d'œuvre d'un genre musical en vogue au tournant des années 2000, la New Soul. Mais pour ne pas s'enfermer dans cette image stéréotypée de producteur obsédé par la modernité, Leon Ware s'investira également dans des projets plus acoustiques et enracinés dans l'âme noire. Le blues de son ami Keb Mo lui rafraîchira les oreilles, et une fois encore, le fruit de cette collaboration harmonieuse fera naître une amitié et une admiration réciproque entre deux artistes de grand talent.

Si son dernier concert au New Morning, le 4 mars 2014, a enchanté le public parisien, nous avons tout de même senti le poids des années sur les épaules de ce grand homme. En 2009, un cancer de la prostate l'avait, de surcroît, profondément affaibli, et s'il n'est plus aussi vaillant et dynamique qu'autrefois, ses prestations sont toujours des moments privilégiés animés par une connaissance certaine du répertoire afro-américain.

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