
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
07 Juin 2014 : Le Débarquement du Jazz
Lorsque les soldats de l'US Army débarquent sur les Côtes normandes le 06 juin 1944 pour contrer l'oppression guerrière du régime nazi, l'offensive militaire américaine s'accompagne d'une musique beaucoup plus enthousiasmante que le bruit assourdissant des obus... Le swing des Big Bands rythme désormais l'avancée des alliés et conquiert le cœur des français qui accueillent avec chaleur cette forme d'expression enjouée et... libre !
Si les instigateurs de ce jazz salvateur sont honorés par les populations européennes, la couleur de leur peau pose toujours problème dans les rangs de l'armée américaine. La ségrégation raciale est une réalité aux Etats-Unis dans les années 40, et même au delà des frontières, un homme noir est toujours un citoyen de seconde classe.
Jon Hendricks, 92 ans, figure légendaire de «L'épopée des Musiques Noires», était un jeune soldat noir américain durant la seconde guerre mondiale et a donc vécu de près ce Jour-J triomphal en France, terre d'accueil et de fraternité : "Je peux vous dire pourquoi j’aime la France. Quand nous sommes arrivés en Angleterre, nous avions toujours des problèmes avec les soldats américains blancs. Une fois en France, lors du débarquement en Normandie, nous avions avancé de 30 kilomètres dans les terres. Un paysan est venu à notre rencontre alors que nous dormions dans la boue et nous a conseillés de le suivre… Il nous a invités chez lui, il y faisait chaud et il a sorti une bonne bouteille de calvados. Mes amis, notre sauveur, sa femme et moi avons partagé cette bouteille, c’était très émouvant ! Ce fut le premier signe de bienvenue de la France à notre égard."
Dans l'imaginaire populaire, Glenn Miller et son orchestre ont accompagné ces moments cruciaux de lutte acharnée pour une paix mondiale, mais il serait peu courtois d'éluder le concours artistique essentiel de musiciens noirs, créateurs d'un langage universel, le jazz, dont les notes inspirées ont soutenu le moral et l'élan des troupes sur les champs de bataille. Déjà en 1918, le compositeur noir américain, James Reese Europe, lieutenant du 369ème régiment d'infanterie avait imprimé l'humeur d'un jazz balbutiant à la tête de son propre orchestre, les «Hell Fighters», «les combattants de l'enfer» !
--> The Glenn Miller Memorial Orchestra
En compagnie de Franck Bergerot, rédacteur en chef du mensuel «Jazz Magazine», nous nous plongeons cette semaine dans l'histoire musicale et sociale d'une aventure humaine terrible mais glorieuse, injuste mais déterminante !