
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Ray Charles
Le 23 septembre 2010, le célèbre Ray Charles aurait eu 80 ans… Pianiste, saxophoniste, et chanteur de grand talent, il fut un rassembleur, un esprit vif qui ne voulait pas choisir entre le Blues, le Jazz, le Gospel, ou la Country pour exprimer ses émotions et sa véritable identité. Lorsqu’il devient une figure majeure aux Etats-Unis en 1959 avec le titre « What I’d Say », il n’a que 29 ans, mais porte déjà sur ses épaules le poids d’une existence troublée, et profondément douloureuse.
Musicien noir dans une Amérique blanche, il est la victime, depuis sa naissance, d’un système qui n’accorde aucun droit aux citoyens de seconde classe. Ce statut, particulièrement injuste et oppressant, sera imposé à des millions d’Afro-Américains pendant des décennies. Fait aggravant, Ray Charles est aveugle et natif d’un état du Sud, la Géorgie, où la ségrégation est féroce.
Fort de sa notoriété, il inventera un genre musical qui dépassera les barrières raciales, qui finira par toucher tous les publics, blancs et noirs : la Soul Music !
Le pari est audacieux, mais bientôt couronné de succès. Bien que cette nouvelle humeur sonore heurte la sensibilité prude des Américains de bonne famille, bien trop attachés aux valeurs sacrées des cantiques d’églises pour laisser des airs profanes polluer leur univers, Ray Charles prend sa revanche sur un passé misérable et impose ses choix.
En quelques années, il devient un personnage incontournable dans l’industrie du disque. Trop longtemps humilié, il entend se faire respecter, et mener sa carrière comme bon lui semble. Son attitude, parfois intransigeante, fut évidemment la conséquence d’une enfance malmenée mais aussi d’une prise de conscience politique de plus en plus affirmée.
Ray Charles était un Américain et tenait à le faire savoir… Sa ténacité et son courage seront un exemple pour nombre de Noirs aux Etats-Unis.
Ces prochaines semaines, de nombreux événements salueront la mémoire du « Genius of Soul », et notamment, la création à Broadway d’une comédie musicale, « Unchain My Heart, The Ray Charles Musical », annoncée pour le printemps 2011.