
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Génération X
Lorsque le leader noir américain Malcolm X est assassiné le 21 février 1965 à New York, la fronde de la communauté noire contre l'administration blanche devient incontrôlable. Depuis déjà 10 ans, les mouvements de contestation agitent les consciences, et les citoyens de seconde classe veulent désormais en découdre avec les autorités zélés, dont les exactions quotidiennes entrent dans l'absurde normalité. Le 1er décembre 1955 à Montgomery (Alabama), Rosa Parks montra l'exemple en refusant de céder sa place à un homme blanc dans le bus qui la ramenait chez elle après une dure journée de labeur.
Dès lors, les artistes devinrent les porte-paroles d'une population en colère. Dès 1959, Charles Mingus avait composé une diatribe musicale contre le gouverneur raciste d'Arkansas, Orval Faubus. L'année suivante, le batteur Max Roach enregistrait une œuvre militante, «Freedom Now Suite», interprétée par l'indomptable Abbey Lincoln. En 1963, John Coltrane criait son horreur dans le titre «Alabama» devant l'assassinat de quatre jeunes filles noires brûlées vives dans une église de Birmingham. En 1964, Nina Simone fulminait à son tour dans «Mississippi Goddam» après le meurtre de Medgar Evers, un jeune militant des droits civiques.
La disparition de Malcolm X a donc, à son tour, radicalisé le propos des orateurs et des créateurs noirs américains. Dans le coffret 4 CDs, «Groove Revolution» (Wagram Music), le journaliste et auteur, Christophe Geudin (notre invité), a ressuscité la bande son de ces années de lutte en sélectionnant des pièces musicales inscrites dans «L'épopée des Musiques Noires». De James Brown à Gil Scott-Heron, la génération X a entretenu la flamme de la rébellion insufflée par ses aînés.
Un demi-siècle plus tard, la vigilance reste cruellement d'actualité. La mort de Trayvon Martin à Sanford (Floride), celle de Michael Brown à Ferguson (Missouri), ou d'Eric Garner étouffé à New York, alertent Malaak Shabazz. De passage à Paris, la fille de Malcolm X a tenu un discours résolument offensif et engagé à l'image des prises de position tranchées de son père, jadis. Quand les mots combatifs d'une femme indignée en 2015 épousent naturellement l'esprit contestataire de 1965, 50 ans d'histoire s'écrivent au présent !
http://www.malcolmx.com/