Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

Universel Django

Django by Legosz. © Jakub Legosz

Avare de commentaires futiles mais volubile à la guitare, Django Reinhardt a inspiré des générations d'instrumentistes. Ce sont ses contemporains ou héritiers qui ont souvent parlé en son nom, et notamment Babik, son fils, ou David, son petit-fils, mais aussi quelques disciples célèbres comme George Benson, B.B King ou James Carter. Pour un Américain, la tonalité musicale insufflée par Django Reinhardt à la guitare est lointaine et étrangère. La culture afro-américaine ne repose pas sur les mêmes codes, et ne s'est pas développée sur le même terroir. Il fallut donc faire l'effort d'étudier, de comprendre et de se nourrir de ce vocabulaire spécifique qui a subjugué nombre de jazzmen, dont le plus grand compositeur du XXe siècle, Duke Ellington.

© William P. Gottlieb
Django Reinhardt et Duke Ellington (1946).

Lorsque cet immense pianiste invite Django Reinhardt à le rejoindre à New York en 1946, pour une série de concerts à Carnegie Hall, l'événement est de taille. Rares sont alors les Européens à venir se confronter au répertoire américain. Ce sont alors deux mondes bien distincts qui apprennent encore à communiquer à travers une forme d'expression qui leur est propre. Duke Ellington eut d'ailleurs quelques difficultés à analyser le jeu de Django Reinhardt, musicien autodidacte, qui jouait à l'oreille, défiant ainsi toutes les règles de la composition écrite.

 

© www.georgebenson.com
George Benson.

Face à tant de virtuosité et d'exceptionnelle nonchalance, l'art de la précision et de la rigueur américaine ne faisait pas le poids. Le guitariste George Benson comprit très vite qu'il devait s'inspirer de cette approche très singulière du jazz manouche : « Quand j'ai commencé à jouer de la guitare, j'ai écouté pendant des années les virtuoses de la six cordes, et j'étais persuadé que j'avais entendu les meilleurs. Un jour, un ami m'a fait découvrir un disque de Django Reinhardt. Je me suis dit : «Comment ai-je pu passer à côté de ce musicien ?». J'ai compris qu'il était le plus doué de tous au moment même où je l’ai entendu jouer. De ce jour, Django est entré à la première place de mon top 10 des guitaristes, et il n'a pas quitté sa première place, depuis. Il est pour moi, le plus grand artisan de la guitare. À un moment donné, je me suis dit : «Si je n'apprends pas à jouer comme Django, quel intérêt d'être guitariste ?». J'ai donc essayé d'apprendre de lui, mais vous avez l'avantage, ici en Europe, d'avoir pu vous mesurer à son jeu, contrairement à nous ».
 

© David Sinclair
James Carter.

Depuis 1983, à Samois-sur-Seine, au Sud de Paris, là où repose Django Reinhardt, un festival est organisé chaque été pour célébrer ce grand personnage, et perpétuer son héritage. De nombreux musiciens de tous horizons sont venus célébrer sa mémoire depuis plus de 30 ans, et ont pu s'immerger dans l'univers sonore de cette communauté de virtuoses en assistant à des jam-sessions ou en participant à des concerts improvisés. Manu Dibango, Dee Dee Bridgewater, Art Blakey, Liz Mc Comb, Lucky Peterson, Mario Canonge, Archie Shepp, Rhoda Scott, entre autres, ont fait scintiller le patrimoine musical de Django au fil des années. Le 24 juin 2015, c'est James Carter, invité de l'Amazing Keystone Big Band, qui eut la lourde responsabilité d'ouvrir la 36e édition de ce rendez-vous majeur de l'été. Un honneur pour ce saxophoniste fort talentueux qui consacra, il y a 15 ans, un album entier à son héros, «Chasin the Gypsy» (Atlantic Records).
 
http://www.festivaldjangoreinhardt.com
 
 

© Wikicommons