
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Joe Louis Walker, l'héritier...
A son rythme, le chanteur et guitariste américain, Joe Louis Walker, a imposé un style, un son et une humeur blues immédiatement identifiables. Pour cela, il lui aura fallu écumer pendant des décennies les scènes du monde entier aux côtés des légendes de la culture noire. Lorsqu'il naquit à San Francisco, un soir de Noël 1949, son idole, B.B King enregistrait déjà son tout premier album. 65 ans plus tard, Joe Louis Walker est, à son tour, un vaillant porte-flambeau du blues ancestral. Il a désormais en lui l'héritage massif de ses aînés, et assume ce devoir impérieux de perpétuer une tradition afro-américaine fragile et menacée.
Bien que sa destinée soit couronnée de rencontres prestigieuses, Joe Louis Walker sait que le Blues est une forme d'expression mésestimée. Il doit donc batailler au quotidien pour préserver ce patrimoine que les grands anciens lui ont transmis. Lorsque l'on croise la route de Jimi Hendrix, John Lee Hooker, Muddy Waters, Taj Mahal ou Buddy Guy, il faut savoir résister à la révérence pour ne pas étouffer sa créativité et son originalité. Joe Louis Walker a évité cet écueil en façonnant sa propre musicalité au contact des pionniers du blues.
Après 40 ans de carrière, et une bonne vingtaine d'albums, la maturité l'a emporté, et l'attention du public se porte enfin sur l'histoire d'un musicien aguerri salué par ses contemporains. Gagner ce statut de virtuose absolu est l'œuvre d'une vie parfois ponctuée d'hommages inattendus. Quelle ne fut pas sa surprise d'être convié en 1995 par Bill et Hillary Clinton à une cérémonie lumineuse qui réunissait, au Kennedy Center de Washington, Dr John, Etta James, Steve Cropper et Joe Williams, entre autres... En d'autres mots, la crème des musiciens américains du XXème siècle venus honorer le Roi du Blues, B.B King.
En 2015, Joe Louis Walker continue inlassablement de défendre un idiome musical qui lui est cher. Son nouvel album, «Everybody wants a piece» (Provogue), est un témoignage vigoureux de la maestria d'un artiste que les années n'ont jamais égratigné. Il se plaît même à conter des anecdotes croustillantes qui réaffirment sa légitimité dans «L'épopée des Musques Noires» : « A 16 ou 17 ans, en 1965 ou 1966, j’ai fait la première partie du pianiste de jazz, Thelonious Monk, c’était au Fillmore West à San Francisco. Il y avait un énorme rideau près des coulisses, et curieusement, Monk ne cessait de faire l’aller-retour entre la scène et ce rideau. Là, il observait Charlie Rouse, son saxophoniste, et quand venait le moment de reprendre le titre, il surgissait de derrière ce rideau et reprenait sa place au piano, puis, il disparaissait à nouveau en coulisses. C’est le plus étonnant concert auquel j’ai pu assister. Je lui ai demandé ce qu’il pensait du public, il m’a répondu : 'Je n’ai pas l’habitude de jouer devant des hippies'. C’est sûr, cette foule n’était pas l’audience type d’un concert de jazz, et encore moins d’un concert de Monk. Je ne sais pas ce qu’il pensait vraiment... Que voulez-vous, c’était Thelonious Monk jouant de façon étrange. C’était Thelonious Monk !!! »
http://www.joelouiswalker.com/