Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

John Mayall

John Mayall, Olympia, 2015. © Laurent Besson

Le 4 octobre 2015, une légende du blues britannique était à Paris pour livrer une prestation exceptionnelle à l'Olympia et, accessoirement, répondre à quelques rares journalistes venus l'interroger sur sa majestueuse aventure musicale. Ce chanteur, guitariste et harmoniciste de grand talent s'appelle John Mayall. A 82 ans, il peut être considéré comme une figure historique, au même titre que B.B King ou John Lee Hooker, car ce brillant instrumentiste a eu un rôle déterminant dans la transmission du patrimoine noir en Europe.

 

Né en 1933 à Macclesfield près de Manchester, John Mayall a très tôt découvert le jazz et le blues de ses cousins d'Amérique qu'il a fait connaître à un public blanc, dès les années 60, alors que l'Angleterre s'ouvrait aux cultures mondiales à travers un mouvement psychédélique très puissant. Ainsi, en adaptant avec son groupe, les Bluesbreakers, le répertoire des pionniers du blues comme Leadbelly, J.B. Lenoir ou même Robert Johnson, John Mayall a rendu aux artistes afro-américains la place qu'ils méritaient dans «L'épopée des Musiques Noires».
 

Certes, la musicalité des musiciens britanniques de l'époque était encore un peu naïve et inoffensive, mais l'intention était là : réhabiliter l'héritage noir américain toujours confronté, outre-Atlantique, aux effets désastreux de la ségrégation raciale. Ce qu'on a appelé le « British Blues Boom » a eu la vertu de présenter à un public blanc une culture musicale qui lui était encore bien étrangère, il y a 50 ans. Des groupes comme les Rolling Stones, les Animals, Fleetwood Mac, les Yardbirds ou le Spencer Davis Group ont fait avancer notre connaissance de l'histoire afro-américaine ancestrale, en Europe.
 

John Mayall faisait partie de cette génération de jeunes musiciens blancs fascinés par la destinée des bluesmen noirs américains mais, toujours aujourd'hui, il ne s'explique pas cette passion presque viscérale pour les racines du blues. Sa voix flétrie nous rappelle seulement que les années passent, et que l'octogénaire qu'il est désormais a traversé un demi-siècle d'une vie trépidante durant laquelle il a toujours mis en avant le talent de ses musiciens plutôt que de célébrer sa propre gloire. Déjà, dans les années 60, il donnait des coups de pouce à de jeunes virtuoses nommés Eric Clapton, Mick Taylor ou Peter Green. Puis vinrent Coco Montoya, Walter Trout et, aujourd'hui, Rocky Athas qui a les encouragements du patriarche et sait combien John Mayall est un brillant découvreur de talents.
 

S'il a vécu des instants exceptionnels aux côtés des grandes figures d'antan, John Mayall, ambassadeur de la culture noire en Europe, entend bien poursuivre sa route sans trop se retourner sur le passé. Il sait ce que fut sa destinée et ne désire pas la commenter davantage. Il continue inlassablement à faire paraître des albums enracinés dans l'âme noire du blues comme «Find a way to care» (Forty Below Records) qui magnifie la maestria d'un artiste unique toujours dans l'ère du temps. Seule une chanson parue en 2014 fait écho aux jours anciens. «A Special Life» résume l'histoire palpitante de ce vétéran du blues britannique que fut et reste John Mayall !
 
http://www.johnmayall.com/
 

© Forty Below Records
John Mayall.