
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Hommage à Cabu
Le 7 janvier 2015, un homme libre, dessinateur de grand talent, et swinguant amateur de jazz, nous quittait à l'âge de 76 ans, assassiné lors de l'effroyable attentat perpétré dans les locaux du journal « Charlie Hebdo » à Paris. Jean Cabut dit « Cabu » avait passé son existence à croquer l'altérité de notre monde avec une prédilection pour les grandes figures de la culture afro-américaine qui le passionnaient et l'enthousiasmaient. La force expressive des musiques noires l'inspirait et ses coups de crayon restituaient l'humour, l'éclat et l'esprit frondeur des virtuoses d'antan.
A travers ses dessins parus dans diverses collections discographiques savamment illustrées, Cabu ressuscitait la flamme vitale de musiciens légendaires dont la destinée souvent douloureuse mais combative attisait son imagination fertile. C'est en 1956, lors d'un match de basket des fameux Harlem Globe Trotters que Cabu découvrira la maestria d'un fou chantant et chef d'orchestre fougueux, le génial Cab Calloway, venu ponctuer, la mi-temps, de ses improbables ritournelles. L'attitude agitée de ce bondissant personnage amusera le jeune Cabu qui, des années plus tard, se plaira à reproduire l'exubérance de cet incroyable énergumène.
Cabu le confiait souvent, il arpentait les salles de spectacles et les festivals en prenant des notes tout au long des prestations comme pour figer des mimiques et des gimmicks qui lui paraissaient suffisamment saillantes pour susciter une révérencieuse caricature. Un concert d'Elvin Jones (batteur de John Coltrane) sous un orage violent, la posture voûtée du trompettiste Miles Davis dos au public, ou l'aura naturelle du pianiste Duke Ellington suffisaient à le rendre heureux et immédiatement créatif.
Bien qu'il ait maintes fois égratigné certains de ses sujets, notamment dans l'univers de la politique, les esquisses jazz de Cabu étaient souvent plus tendres et respectueuses. L'admiration qu'il vouait aux icônes d'autrefois lui imposait une plus grande indulgence. Il connaissait la valeur patrimoniale de tous ces instrumentistes dont il ne voulait pas altérer l'image glorieuse et intemporelle.
Claude Carrière et Christian Bonnet, artisans du succès d'ouvrages musicaux comme les séries « BD Jazz » ou « Jazz Masters » magnifiées par Cabu, ont eu le temps d'observer le dessinateur, de converser avec le fan de jazz et de saisir la pensée généreuse de l'artiste. Ils saluent avec nous, cette semaine, la liberté d'expression d'un joyeux rebelle qui ne défendait que le droit à la dérision et à l'impertinence comme ses homologues, Charb, Wolinski, Honoré, Tignous...