
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Dakar 1966
Il y a 50 ans, Dakar, au Sénégal, devenait le centre névralgique des cultures afro-planétaires en accueillant le premier Festival mondial des arts nègres. De nombreuses personnalités de la diaspora soutenaient alors ce rendez-vous inédit et pluraliste. Danseurs, chorégraphes, auteurs, sculpteurs, cinéastes et musiciens donnèrent un relief particulier à cet événement œcuménique où, seule, l'expression artistique devait animer le cœur battant de l'âme africaine. Il fut cependant intéressant de constater que cette célébration du patrimoine noir épousait aussi les soubresauts politiques de l'époque.
Au tournant des années 60, les indépendances africaines avaient bouleversé les enjeux géopolitiques et imposaient aux grandes puissances occidentales de reconsidérer leur influence régionale et de redéfinir leur rôle sur un continent en pleine ébullition. Soudain, ce festival multidisciplinaire révélait les velléités américaines et soviétiques d'accompagner l'histoire en marche. Duke Ellington, Marion Williams, Josephine Baker et Langston Hughes, présents à Dakar en avril 1966, étaient-ils maîtres de leur destinée africaine, ou les porte-paroles d'un département d'Etat toujours prompt à magnifier ses héros noirs quand ils ne lui portent pas ombrage ?
Cette drôle d'équation politico-culturelle démontra de manière criante la fragile cohérence d'administrations blanches, souvent racistes, dont les choix de société interdisaient l'épanouissement de citoyens noirs sur leur sol et prônaient leur valeur à l'étranger... Il faut croire que cette schizophrénie assumée servait naguère les stratégies de pouvoirs dits dominants. Quoi qu'il en soit, le premier festival mondial des arts nègres fut l'occasion de mettre en lumière la grandeur de traditions ancestrales toujours vivaces et de réviser la pensée étriquée des partisans de la ségrégation raciale.
A l'initiative de la revue «Présence Africaine» et sous l'impulsion du président Léopold Sédar Senghor, ce pas décisif vers un panafricanisme culturel tourné vers le monde a marqué les esprits et suscite toujours aujourd'hui de vifs commentaires. Nos invités du jour, Sarah Frioux-Salgas (responsable des archives et de la documentation des collections à la médiathèque du musée du quai Branly) et Faada Freddy (chanteur, compositeur sénégalais de renom, ancien pilier du groupe Daara J, auteur de l'album à succès « Gospel Journey ») s'interrogent sur l'impact de ce rendez-vous historique sur nos consciences.
Alors que l'exposition «Dakar 66» se poursuit jusqu'au 15 mai 2016 à Paris, réfléchir sur l'héritage africain à travers les âges est un devoir quand dérives, violences et discriminations ponctuent notre quotidien et n'alertent plus les autorités morales d'un pays. Les artistes ont toujours été les éclaireurs des bouleversements sociaux et resteront les gardiens d'un savoir sage et juste !
Dakar 66, l'exposition au Quai Branly
http://faadafreddy.com/