
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Theo Croker
Lorsque la chanteuse Dee Dee Bridgewater découvrit le jeune trompettiste Theo Croker, lors d’un concert à Shanghaï en Chine, au tournant des années 2010, elle réalisa très vite que ce brillant instrumentiste avait en lui le talent d’un grand... Elle ne s’y trompa pas puisque le virtuose conquiert pas à pas les faveurs de publics très divers. En faisant paraître « Escape Velocity », Theo Croker confirme son statut d’improvisateur émérite dont la musicalité très moderne nourrit le paysage sonore du XXIème siècle.
Né en 1985, Theo Croker ne pouvait que scintiller dans le feu des projecteurs. Son père, William Henry Croker, fut un membre actif du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, et son grand-père n’est autre que le légendaire chef d’orchestre Doc Cheatham, partenaire de Cab Calloway ou Benny Goldman. Il paraissait évident que le petit Théo finisse par s'inspirer de ses augustes aïeux pour développer une personnalité artistique de grande valeur.
Profondément respectueux de la tradition insufflée par les héros de « L’épopée des Musiques Noires », Theo Croker ne cache pourtant pas son goût pour les artistes de sa génération, Outkast, Digable Planets, Tribe Called Quest, dont il tire nombre de ses influences pour dessiner les ornementations de son univers musical. L’album « Jazzmatazz » du producteur Guru est, pour lui, une référence incontournable. Ce disque parvint en 1993 à lier le swing jazz de vétérans comme Donald Byrd ou Roy Ayers aux accents hip hop des rappeurs d’alors.
Fasciné par les effluves africaines de sa culture américaine, Theo Croker s’amuse parfois à injecter quelques notes d’afrobeat dans son jeu multicolore. Sa rencontre avec le batteur nigérian Tony Allen, il y a quelques années, a sans aucun doute enraciné son lyrisme jazz dans l’âme noire ancestrale. « Changes », l’un des titres phares de son nouvel album, en est une preuve formelle.
Attentif aux dérives racistes de l’Amérique d’aujourd’hui, Theo Croker montre également un réel engagement citoyen dans ses œuvres. « We can’t breathe » est un manifeste contre les exactions des autorités constatées dans son pays. Cette composition rebelle fait référence à l’assassinat d’Eric Garner, un Afro-Américain asphyxié par deux policiers blancs trop zélés qui, avant de s’évanouir, hurlait désespérément « I can’t breathe » (Je ne peux plus respirer). Ce drame avait déjà suscité l’indignation de plusieurs artistes, dont Terence Blanchard ou Marcus Miller mais Theo Croker estime qu’il ne faut pas oublier, et se sent directement concerné par ce triste événement.
Juste, sensible, inspiré, Theo Croker est un personnage attachant dont il faudra suivre l’évolution artistique avec le plus grand soin. Il sera de retour en Europe, en septembre et octobre 2016 en compagnie de sa marraine de cœur, Dee Dee Bridgewater. Ne manquez pas ces prestations fort alléchantes !