
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Ces chers disparus (2 sur 4) : Mohamed Ali
Pendant tout le mois d'août, l'Epopée propose une collection d'émissions consacrées aux grandes figures disparues en 2016.
Il aura fallu l’organisation d’un combat de boxe à Kinshasa pour qu’un sentiment d’unité panafricaine mobilise la diaspora noire dans le monde. Cela se passait le 30 octobre 1974 : Mohamed Ali affrontait George Foreman, un rebelle afro-planétaire mettait à terre une figure arrogante du pouvoir américain omnipotent. C’est ainsi que les partisans d’une Afrique insoumise décrivaient la confrontation de ces deux majestueux colosses. Pourtant, que de tribulations pour parvenir à déplacer l’attention internationale des Etats-Unis vers le Zaïre.
Cet événement géopolitico-sportif devait initialement se tenir le 25 septembre 1974. Un festival animé par des artistes de tous horizons devait accompagner ce rendez-vous unique. Miriam Makeba, B.B King, Celia Cruz, le Fania All Stars, Ray Barretto et James Brown, notamment, étaient à l'affiche de ce grand déploiement de force africain, mais rien ne se déroula comme prévu. Blessé à l'œil durant un entraînement, George Foreman demanda à repousser la date du choc historique. Cette annonce totalement inattendue faillit avoir raison de l’enthousiasme des principaux protagonistes. Il fut cependant décidé de maintenir les concerts prévus à Kinshasa malgré le forfait temporaire de l’un des compétiteurs.
Les grandes figures de L’épopée des Musiques Noires livrèrent donc d’incroyables prestations dans une ambiance électrique annonciatrice d’un face-à-face hors normes. Plus qu’un duel d’athlètes, cette rencontre sportive mit en exergue la valeur du peuple noir. De leur côté, les musiciens, chanteurs, danseurs donnèrent le meilleur d’eux-mêmes pour revendiquer leur place légitime dans cette célébration de l’âme noire. Unis par une volonté commune de porter un discours frondeur, les différents acteurs de ces moments d’exception écrivaient un chapitre éminent de la lutte pour l’égalité raciale au cœur du continent africain.
10 ans après les indépendances africaines, 10 ans après le mouvement des droits civiques américain, un nouvel élan semblait nécessaire pour rendre à la communauté noire sa combativité et sa fierté alors que les exactions se poursuivaient impunément des deux côtés de l’Atlantique. Qu’il se soit appelé James Brown ou Mohamed Ali, l’enjeu était le même : contester, résister, affirmer son statut d’homme noir et gagner la bataille de la tolérance face aux réflexes racistes. Nul doute que ces intentions louables ont rejailli dans les esprits le 3 juin 2016 alors que Mohamed Ali entrait dans la légende !