Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

La ligne de couleur...

Proclamation d'émancipation des Noirs par Abraham Lincoln, 1865. © Library of Congress/Musée du Quai Branly Jacques Chirac, Paris

De tous temps, les arts ont été le reflet et, parfois, l’écho des tribulations du monde. Aux États-Unis, le sort de la communauté noire fut souvent la source d'une fronde artistique devenue un contre-pouvoir face aux exactions et aux humiliations. La peinture, la sculpture, la littérature, la musique ont joué un rôle éminemment politique dans l’évolution sociale des Africains-Américains, depuis l’abolition de l’esclavage, par Abraham Lincoln en 1865. 150 ans après cet événement majeur, la confrontation idéologique et identitaire est tristement toujours d’actualité.

© Library of Congress/Musée du Quai Branly Jacques Chirac, Paris

Le Musée du Quai Branly à Paris propose, jusqu’au 15 janvier 2017, « The Color Line ». Cette exposition met en lumière l’engagement citoyen d’artistes valeureux, dont les œuvres ont dessiné les contours d’un combat racial souvent méconnu, tronqué, dissimulé... La musique a évidemment accompagné la lutte du peuple noir pour sa liberté et sa dignité. Elle est la bande son d’une aventure humaine, plus ou moins glorieuse, qui a façonné la société américaine au fil des décennies. Entendre en filigrane de cette exposition, Billie Holiday dénoncer en 1939 le lynchage d’hommes noirs à travers « Strange Fruit », découvrir les « Blackface Minstrels » parodiant au début du XXème siècle l’attitude des « nègres », lors de spectacles de music-hall honteux, se féliciter des revendications du batteur Max Roach dans « Freedom Now Suite », assister au triomphe planétaire de Michael Jackson, tous ces épisodes contrastés invitent à l’examen de conscience collégial. 

Cette « ligne de couleur » discriminatoire, invisible et tragique, a pénalisé, heurté, bafoué, l’existence de millions d’individus dont le courage et la résistance ont nourri l’expression artistique. Comment ne pas vibrer en écoutant Louis Armstrong interpréter l’air traditionnel gospel, « Nobody knows the trouble I’ve seen » ? Comment ne pas saluer l’audace de Miles Davis rendant hommage au boxeur noir Jack Johnson sur son album de 1971 ? Comment ne pas frissonner à l’écoute des harmonies vocales de la cantatrice africaine-américaine, Marian Anderson devant le Lincoln Mémorial à Washington en 1939 ? Alors qu’un nouveau chapitre de l’histoire américaine interroge et inquiète les progressistes, se retourner sur le passé à travers les arts, permettra de juger le chemin parcouru et de mettre en garde les velléités trop conservatrices.

© Hank Willis Thomas
« Amandla » (détail), 2013. Silicone, fibre de verre, métal. (Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Jack Shainman Gallery, New York.)

 

Notre invité, Daniel Soutif, critique d’art et commissaire de l’exposition « The Color Line », est aussi un grand amateur de jazz. On lui doit « Le siècle du jazz », une plongée dans le swing afro-américain présentée en 2009 au Musée du Quai Branly. Il sait combien la musique issue de la sève africaine originelle porte en elle la résilience d’une population meurtrie, dont l’apport culturel mondial fut déterminant et salvateur.
 
Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac