
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Les raisins de la colère...
Réduire la genèse de la culture Hip Hop au groupe Sugarhill Gang serait une erreur historique majeure. Si Rapper’s Delight fut, en effet, le grand classique de 1979, la véritable fronde sociale afro-américaine remonte aux années 60 quand James Brown hurlait un slogan devenu légendaire : "I’m Black & I’m Proud" (Je suis noir et j’en suis fier). Mais déjà, la désillusion l’emportait après les assassinats de Malcolm X et Martin Luther King. C’est dans cette ambiance de chaos absolu qu’une nouvelle génération de jeunes insoumis tentera de se singulariser, et d'exprimer son désir de vivre dans une Amérique incapable d’envisager son examen de conscience.
Brûle (Editions Don Quichotte), le premier roman de Laurent Rigoulet, nous plonge dans le quotidien de la communauté noire, à l’aube d’une révolution artistique et sociologique, dont les principaux acteurs dessinent, pas à pas, les contours. Ils s’appellent Dj Kool Herc, Grandmaster Flash, Afrika Bambaataa. Ils inventent un son, une humeur, un mode de vie, un discours. Ils seront les pionniers d’une culture rebelle et d’une tonalité revendicatrice. Issus d’une population désœuvrée du Bronx, ces fortes têtes parviendront à donner du sens à leur combat souterrain. Mais bientôt rattrapés par l’industrie du disque, ces valeureux artisans du rap originel ne pourront que constater leur échec face à la puissance destructrice du commerce musical, qui ne manquera pas d’édulcorer une intention, des mots, une force d’expression authentique.
Pourtant, dès le 11 août 1973, date présumée des premiers échos cadencés du Hip Hop, l’esprit contestataire avait retrouvé une vigueur nouvelle que les années de psychédélisme échevelé n’avaient pas complètement noyée dans une apathie improductive. La flamme vitale n’avait pas vacillé et les résistants à l’oppression ourdissaient une contre-attaque sonore, verbale et poétique inédite. Ces artisans de la première heure n’obtinrent malheureusement jamais la reconnaissance à laquelle ils pouvaient aspirer tant leur contribution à l’essor d’un idiome fut déterminant.
Aujourd'hui, les rappeurs en vogue semblent parodier le patrimoine de leurs aînés... Sont-ils seulement capables d’en estimer la valeur, de l’honorer, de le chérir ? Ont-ils en eux cette hargne que leurs modèles ont imprimée dans leurs œuvres ? Comme le suggère le bassiste Marcus Miller, il est temps que les rappeurs d’antan, devenus adultes, fassent à nouveau entendre leur voix. Leur expérience, leur vécu, leur expertise du monde actuel inspireraient peut-être le ton parfois trop lisse, caricatural, et prévisible de leurs jeunes adeptes.
Réhabiliter la lutte, la protestation, l’implication, l’engagement est un devoir citoyen... Tel est peut-être le message en filigrane de Brûle face aux crispations du XXIème siècle ?
Les Éditions Don Quichotte