Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
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Lurrie Bell, la tradition du Chicago Blues...

Lurrie Bell en concert, le 23 mai 2017 à Coutances. © Pierre-Yves Le Meur

Curieusement, c’est en France que le nom de Lurrie Bell a d’abord suscité l’intérêt des amateurs de blues authentique. En 2008, ce brillant chanteur et guitariste, originaire de Chicago, participe à un projet ambitieux largement soutenu par les organisateurs du Festival « Aulnay All Blues », près de Paris, qui se mobilisent pour défendre le patrimoine musical afro-américain ancestral. L’idée est alors de réunir quelques dignes héritiers de la tradition pour interpréter les œuvres de leurs aînés, et démontrer que la transmission de la culture noire est un enjeu impératif majeur. Ainsi, Billy Boy Arnold, John Primer, Billy Branch et Lurrie Bell deviennent les gardiens de la flamme, et trouvent en Europe un écho inespéré à leur créativité artistique séculaire.

Le succès est tel que l’Académie des Grammy Awards à Los Angeles fait entrer le double album « Chicago Blues : A living History », fruit de cette entreprise de réhabilitation sonore, dans la liste des prétendants au trophée de « meilleur album de blues traditionnel » de l’année 2009. Cette exposition médiatique américaine donnera des ailes à tous ces instrumentistes souvent peu célébrés dans leur propre pays. Lurrie Bell n’a jamais oublié le coup de pouce décisif du vieux continent pour une musique trop longtemps mésestimée sur sa terre natale. Bien qu'il ait arpenté les clubs de blues depuis son enfance, bien qu’il ait côtoyé les légendes d’antan, Muddy Waters ou Willie Dixon, bien qu’il ait fait paraître de nombreux albums sous son nom, la reconnaissance tardait à venir. Désormais, Lurrie Bell veut jouir de sa notoriété amplement méritée pour raconter son histoire, celle de ses ancêtres, et continuer à jouer le blues qu’il connaît sur le bout des doigts.

 

© Pierre-Yves Le Meur

 

Le 23 mai 2017 à Coutances, en Normandie (nord-ouest de la France), il livrait une prestation émouvante lors du 36eme Festival « Jazz sous les Pommiers ». Les spectateurs, présents ce jour-là, avaient-ils conscience d’assister à un événement de taille ? Comprenaient-ils que ce musicien bientôt sexagénaire portait, à lui seul, le poids d’un idiome enraciné dans l’âme noire ? Peut-être fallait-il seulement écouter ses mots, entendre ses allusions aux héros d’autrefois, pour déceler l’engagement sincère de cet homme pour son art… Ses notes, parfois rugueuses et imparfaites, narraient une épopée, celle d’un artisan du blues dont le discours est une leçon d’humilité : « Chaque fois que j'ouvre la bouche, c'est le blues qui s'exprime. Je respire le blues, je suis né avec le blues. Mon père était bluesman, par conséquent, le blues coule dans mes veines. Je vis le blues au quotidien et je suis enchanté de pouvoir porter cette tradition jusqu'en Europe car je sens que le public me comprend ici. Il sait que je suis un bluesman authentique. Le Blues est ma respiration ». Tout est dit !

Le site de Lurrie Bell

 

© Pierre-Yves Le Meur