
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Les Como Mamas, gardiennes du temple gospel
Depuis la petite ville de Como dans le Mississippi, Ester Mae Smith, Angela Taylor et Della Daniels, ont gagné la reconnaissance unanime des amateurs de gospel traditionnel, à travers la planète, en faisant paraître Move Upstairs, un album d’une rare authenticité primé, en janvier 2018, par la prestigieuse académie du jazz à Paris. À quelques jours de leur prochain concert au New Morning, nos trois pieuses ladies nous content leur divine épopée.
Parvenir à susciter l’engouement d’un public profane, pour une forme d’expression enracinée dans la culture africaine-américaine est un défi que peu d’artistes peuvent relever. Les Como Mamas ont réussi ce coup d’éclat sans altérer la sève originelle de leur musicalité. Ne cherchez pas d’intention commerciale derrière cette proposition discographique. C’est davantage un élan spirituel qui pousse ces trois jeunes sexagénaires à louer le seigneur à travers des airs issus des églises baptistes noires américaines.
Apprécier ce répertoire suppose un goût prononcé pour le patrimoine ancestral du Sud des États-Unis car, derrière les negro-spirituals interprétés par ces dames, il y a l’aventure humaine d’une population longtemps bâillonnée dont le seul exutoire restait les chants sacrés, le dimanche, à la messe. C’est ce témoignage sonore-là que les Como Mamas portent en elles depuis un demi-siècle. Il suffit de passer par la petite ville de Como pour entendre l’écho de la ruralité américaine, et ressentir le poids de l’histoire, celle des Noirs d’Amérique floués et abusés. Comment, dans ce cas, ne pas saisir l’opportunité de s’exprimer en chantant avec ferveur des cantiques religieux ?
Les Como Mamas ne veulent pas séduire, mais juste convaincre. Délivrer une bonne parole est leur sacerdoce. Face aux tribulations internationales, elles opposent un message positif, parfois ingénu, mais profondément sincère. Finalement, écouter leurs voix rugueuses revitalise nos convictions, et nourrit notre souhait d’un monde plus juste. Subtilement, elles parlent à notre âme et nous invitent à agir pour une paix universelle. Il est, certes, utopique d’imaginer que des mots et des notes apaiseront la planète, mais il est bon de se laisser guider par la promesse d’une entente cordiale et d’un dialogue constructif. C’est le vœu le plus cher des Como Mamas !
Les Como Mamas sur le site de Nueva Onda Productions