
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Perpétuer l’art du funk
Les JB’s ont été un groupe à géométrie variable au service du "Parrain de la Soul" pendant les années 70 et 80. Certains membres originaux de cette formation funk redoutable poursuivent aujourd’hui l’aventure. Ils nous présentent We Came to Play, leur dernier album en date, et font le vœu de retrouver leurs fans aux quatre coins de la planète. Lorsque James Brown disparut, le 25 décembre 2006 à 73 ans, la stupeur l’emporta sur les larmes d’une communauté profondément attachée à la tradition afro-américaine d’antan. Il fallait impérativement trouver le moyen de perpétuer le message du héros sans se compromettre dans de pâles adaptations de son répertoire. L’idée de réunir les musiciens qui avaient partagé la vie tumultueuse du "Godfather of Soul", à différentes époques, se fit jour et enthousiasma rapidement le public lorsque la légitimité des protagonistes pressentis devint incontestable.
Interpréter les œuvres immortalisées par une figure aussi importante que James Brown n’est pas donné à tout le monde. Il était essentiel de faire appel à ceux qui avaient connu l’artiste et pouvaient dignement honorer son patrimoine. Les JB’s sont donc une formation composée d’instrumentistes aguerris qui compte dans ses rangs des piliers de l’orchestre originel. Créé en mars 1970, ce collectif de virtuoses a évolué au gré des humeurs du patron. Quelques figures notables ont animé, au fil des décennies, ce big band funk épatant. Le bassiste Bootsy Collins et son frère, le guitariste Phelps "Catfish" Collins, les batteurs John "Jabo" Starks et Clyde Stubblefield, le tromboniste Fred Wesley, le saxophoniste St Clair Pinckney, et tant d’autres, essuyèrent les plâtres…
Fred Thomas est actuellement le doyen des JB’s. Il devint le bassiste de James Brown en 1971. L’actuel directeur musical, Tyrone Jefferson, dirigea l’orchestre dès 1976. Robert "Mousey" Thompson fut le dernier batteur de Mister Brown de 1993 à 2006. Et Cynthia Moore devint l’une des choristes du groupe en 1991. Ces quelques exemples démontrent la valeur des JB’s de 2019. L’héritage sonore de James Brown est donc entre de bonnes mains. Il paraissait logique que ces personnalités choisissent de transmettre leur savoir à la jeune génération comme ils le firent les 11 et 12 mai 2019 à Paris, lors d’un stage de funk organisé par l’association K’Dense.
D’abord fébriles, les participants à ces prestigieuses masterclass ont rapidement pris un réel plaisir à se confronter à leurs idoles, tout en notant l’exigence qu’impose une telle rencontre musicale. La maîtrise du funk tel que James Brown l’avait définie demande concentration et rigueur pour que la ferveur puisse s’exprimer. Ces deux jours de formation accélérée resteront, sans nul doute, longtemps dans la mémoire de 12 apprentis soulmen fort privilégiés.