
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
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Une histoire caribéenne du blues
Le groupe Delgrès n’en finit plus d’écumer les scènes de France et de Navarre. Le succès de l’album Mo Jodi prouve, une nouvelle fois, que les musiques héritées de la diaspora africaine dans le monde suscitent un intérêt presque instinctif. Il faut dire que Pascal Danaë et ses acolytes ont su trouver la musicalité et le propos susceptibles de capter l’attention d’un public toujours plus exigeant. Relier l’histoire d’un grand résistant (Louis Delgrès), le blues, et les traditions musicales caribéennes est un sacré défi, mais un pari gagnant. Le 17 juillet 2019, le trio se produisait au "Marseille Jazz des Cinq Continents", dont la 20ème édition fut un éclat de notes multicolores.
Louis Delgrès, colonel abolitionniste de Guadeloupe, est devenu par sa bravoure et son sacrifice une figure éminente de la résistance à l’esclavagisme aux Antilles et dans le monde. Préférant se suicider en 1802, à 35 ans, plutôt que de se soumettre aux forces bonapartistes, il est aujourd’hui une source d’inspiration pour nombre de progressistes attachés à la liberté de tout citoyen à travers la planète. Pascal Danaë, leader du groupe Delgrès, veut aujourd’hui saluer la mémoire de ce personnage historique, en mâtinant son blues de mots créoles engagés et percutants. Avec ses comparses, Baptiste Brondy (batterie) et Rafgee (sousaphone), il revitalise un message humaniste et militant en s’appuyant sur des accents de jazz néo-orléanais, de rock "zeppelinien" et de gwoka caribéen.
La tonalité singulière de Delgrès suscite beaucoup d‘enthousiasme et de curiosité, depuis la parution de "Mo Jodi", le 31 août 2018. Le trio est continuellement en tournée tant la demande est massive. Il faut dire qu’au-delà de la musique, le propos est fort. Transmettre des valeurs d’égalité et de justice en se référant à une épopée glorieuse et tragique crée immédiatement l’intérêt. Pascal Danaë est lui-même le fruit de cette aventure humaine. Son arrière-arrière-grand-mère, Louise Danaë, fut esclave en Guadeloupe pendant 27 ans. Si Louis Delgrès était parvenu à changer le cours de l’histoire, si le rétablissement de l’esclavage aux Antilles n’avait pas eu lieu en 1802, sa trisaïeule serait née libre en 1815.
Cet héritage douloureux a donc inspiré le répertoire du groupe Delgrès qui, de ville en ville, délivre un message d’insoumission poétique et frondeur. À Marseille, le 17 juillet 2019, une humeur de collégialité ultramarine flottait dans l’air. Le percussionniste martiniquais Mino Cinelu se permit d’ailleurs un clin d’œil sur scène en reprenant, durant son propre concert, les paroles de "Mr. Président" de ses homologues antillais.
Le trio Delgrès poursuit sa route. Les prochains cours d’histoire auront lieu en Slovénie, Belgique, Danemark, Suisse mais aussi en France, le 3 août à Malestroit, le 4 août sur l’île d’Oléron, le 9 août 2019 à Marciac. Ne les manquez pas !
Le site de Marseille Jazz des Cinq Continents