Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
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Happy Birthday Sonny Rollins!

Sony Rollins à l'Olympia, le 14 novembre 2011 à Paris. © Getty Images - David Wolff/Patrick/Redferns

Le 7 septembre 1930 à New York, il y a 90 ans, Sonny Rollins voyait le jour. Ses parents, originaires des îles vierges américaines, ont insufflé une culture caribéenne à ce génial saxophoniste qui n’a jamais négligé la source insulaire de sa créativité ancestrale. Pour autant, c’est bien au cœur de la capitale du jazz que le colosse se révélera.

Dans les années 1940, une génération de jeunes instrumentistes tente de remodeler le jazz de ses aînés. Le paysage musical américain se transforme radicalement et Sonny Rollins écoute attentivement ses contemporains. C’est le début d’une aventure hors-norme qui durera plus d’un demi-siècle !

© Michelle Bracken for The Washington Post via Getty Images
Sonny Rollins à l'hôtel George V, le 13 novembre 2011 à Paris.

 

Témoin et acteur des soubresauts de la communauté noire lors des grands mouvements de contestation au cœur des années 1960, Sonny Rollins a aussi vécu de près les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Il vit également l’élection d’un président noir à la Maison Blanche et la triste pandémie de Covid-19 qui affecte notre planète tout entière depuis le printemps 2020. Ce monsieur a donc traversé tous ces événements historiques. Il fut le contemporain des grands bouleversements internationaux et trouva souvent refuge dans la musique, et principalement le jazz, dont il est devenu l’un des maîtres.
Lorsqu’il voit le jour à l’automne 1930 à New York, les révolutions sonores s'entrechoquent et accompagnent les crises sociales d’alors. Le petit Théodore Walter Rollins entend donc la musique afro-américaine se développer et se passionne d’abord pour le Rythm & Blues. 

En 1951, Il a 21 ans et se fait remarquer dans l’orchestre de Miles Davis lors d’une série de concerts au fameux Birdland de New York. Au fil des mois, il se professionnalise et devient un virtuose que l’on encense et que l’on sollicite pour des enregistrements studio. Au tournant des années 1950, la carrière de Sonny est lancée et ne s’arrêtera plus.

© Tom Copi/Michael Ochs Archives/Getty Images
Le saxophoniste Sonny Rollins, dans les années 1960.

 

Sa boulimie créative est telle qu’il fera paraître une bonne soixantaine d’albums en 60 ans de musique, soit une moyenne d’un disque par an, sans compter ses participations aux productions de ses homologues jazzmen. En 1956 il sortira trois albums simultanément dont les fameux Tenor Madness et Saxophone Colossus qui le hissent au rang des plus grands instrumentistes. Sonny Rollins a donc connu différentes époques, différentes accélérations du temps mais il a toujours trouvé le moyen d’échapper à la frénésie de ce monde en constante évolution. Il a toujours su se préserver en ne se concentrant que sur sa musique, sa pratique intensive du saxophone. 

Lorsque l’on s’adresse à un personnage comme Sonny Rollins, on perçoit instantanément le poids d’un héritage patrimonial massif. En instillant la musicalité de la Senza dans l’une de ses compositions, Sonny Rollins évoquait, par exemple, en 1998, sans ostentation, ses lointaines racines africaines sur l’album Global warning. Si vous prenez le temps d’écouter attentivement les albums de Sonny Rollins, vous parviendrez à déceler les différentes couleurs sonores héritées de ses rencontres, voyages et origines personnelles. Bien qu’il ait parfois préféré disparaître pour se ressourcer et méditer, Sonny Rollins n’a jamais oublié son rôle, son devoir de perpétuer la tradition. Assister à un concert de Sonny Rollins est une expérience unique. L’énergie que déploie ce colosse sur scène et son sens de l’improvisation sautent nécessairement aux oreilles des spectateurs. Le 15 septembre 2001 à Boston, quatre jours après les attentats du 11 septembre qui avait assommé la ville de New York, Sonny Rollins eut une furieuse envie d’opposer à l’horreur la légèreté enjouée d’une composition qui fit sa gloire intitulée Don’t Stop The Carnival. Le message était clair : "la musique ne s’arrêtera pas !". Le public ému acclama les mots et les notes de ce flamboyant survivant et de cet éternel combattant.    

© Ed Perlstein/Redferns/Getty Images
Sonny Rollins avant de monter sur la scène du Berkeley Jazz Festival, en mai 1979 à Berkeley en Californie.

 

90 ans ! Sonny Rollins a 90 ans ! Nous ne pouvions que saluer ce grand personnage dont l’aura continue d’inspirer des milliers d’instrumentistes à travers la planète.    

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