
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
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Révérencieuse Manou Gallo
En 2020, alors qu’une pandémie affolait la planète, alors que notre rythme social effréné marquait le pas, la bassiste ivoirienne Manou Gallo ressentait le besoin de se retourner sur son passé et d’honorer ceux et celles qui lui montrèrent jadis le chemin. Aliso est le fruit de cette introspection nécessaire.
En saluant la mémoire de ses héros (Manu Dibango, Fela Anikulapo Kuti, Franco Luambo, Marcellin Yacé), Manou Gallo prend le temps de réfléchir à son parcours prestigieux avec un brin de nostalgie. Elle encense et défend ses chaperons avec une pointe de revendication artistique et culturelle manifeste. Ses convictions sont tranchantes et assumées comme dans chacune de ses créations. Déjà sur son précédent album, elle saluait la mémoire d’Ernesto Djedje, le roi du Ziglibithy, disparu en 1983 à seulement 35 ans. Manou Gallo a pris conscience, au fil des années, de l’absolue nécessité de porter le flambeau légué par ses aînés. Ils ont contribué à son développement artistique et donner du corps à son existence sociale. Il lui paraissait impensable de passer outre ses révérences.
Manou Gallo est reconnaissante et ne manque pas de le clamer, pour autant, elle n’entend pas se plonger dans une nostalgie improductive. Elle vit au XXIe siècle et s’entoure de brillants instrumentistes contemporains capables de magnifier ses relectures audacieuses des grands classiques afro-planétaires. Les bassistes Étienne Mbappé et Christian McBride lui prêtent ainsi main forte pour étinceler un répertoire issu de "L’épopée des Musiques Noires" dont on se plaît à redécouvrir les ritournelles célèbres. Comment ne pas vibrer à l’écoute de Lady emprunté à Fela ? Comment ne pas se féliciter de pouvoir fredonner à nouveau Mario, l’hymne de Franco Luambo ? Cette composition historique est aussi, pour Manou Gallo, l’occasion d’appeler à davantage de transparence des autorités politiques dans ce monde bouillonnant. Pour exemple, elle écrit une lettre à Marcellin Yacé, son mentor, disparu tragiquement le 19 septembre 2002 à l’âge de 39 ans.
Les souvenirs nourrissent souvent l’appétence créative des artistes. C’est indubitablement le cas pour cet album Aliso qui se déclinera en deux tomes. Le premier sera disponible cet automne, le second paraîtra au printemps 2022. Manou Gallo a tant à dire qu’elle s’autorise cette coquetterie. En attendant de l’entendre se révéler un peu plus dans quelques mois, savourons déjà la première salve de son expressivité débordante et rendons-nous nombreux, le 16 novembre 2021, au Studio de l’Ermitage à Paris où l’impétueuse virtuose nous invite à célébrer ses mythiques idoles et ses parrains oubliés.
⇒ Le site de Manou Gallo.