
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Natalia M. King se dévoile
Chaque nouvelle apparition de la chanteuse et guitariste Natalia M. King, dans le feu des projecteurs, nous permet de déceler son évolution artistique et ses défis personnels. Autrefois, elle était une jeune femme en colère, rebelle et insatisfaite. Les années ont progressivement érodé son courroux, et sa maturité a atténué ses tourments. Aujourd’hui, elle est prête à assumer l’entièreté de ses choix et de ses convictions, de les défendre, de les revendiquer. Woman Mind of My Own est un album audacieux et profondément honnête. Le blues en est la matrice et nous plonge dans la vie réelle d’une artiste sincère et attachante.
Cela fait 20 ans que, périodiquement, la chanteuse et guitariste américaine Natalia M. King se rappelle à notre bon souvenir. Au fil du temps, nous nous sommes habitués à la voir ressurgir avec, chaque fois, plus de profondeur et de pertinence dans ses propos. Installée en France au tournant des années 2000, elle a trouvé sur le Vieux continent une écoute que ne lui accordait pas l’industrie discographique américaine. Certes, les premiers mois à Paris furent périlleux, mais sa ténacité artistique et une foi sincère en son art eurent raison des tumultes. Les doutes, les revers, les découragements ne firent jamais vaciller la flamme. Patiemment, Natalia M. King traçait son chemin et inscrivait sa tonalité dans notre paysage musical.
Jeune effrontée jadis, elle reconnaît volontiers avoir appris la tempérance. Elle a progressivement apprivoisé ses émotions et sa sensibilité s’en ressent. Autrefois rugueuse et implacable, sa musique toujours aussi libre cherche aujourd’hui l’authenticité du blues comme s’il fallait revenir à la source, aux valeurs fondamentales de l’expression artistique. Cette lente évolution mélodique traduit indubitablement l’apaisement spirituel d’une femme bien déterminée à trouver l’équilibre et la sérénité. Il n’est donc pas curieux de la voir sourire à l’écoute du bluesman Skip James, dont les œuvres éthérées et les mots engagés la séduisent et l’emportent. Natalia M. King semble désormais prête à se livrer. Pour cela, elle fait jaillir sa poésie naturelle et s’appuie d’ailleurs ponctuellement sur la voix ronde et les élans littéraires d’un partenaire de choix, le troubadour folk Elliott Murphy, invité sur le titre Pink Houses.
Il faut une sacrée dose de témérité pour assumer toutes les facettes d’une personnalité. Natalia M. King n’hésite plus. Ses aspirations sociales, ses combats intimes, ses appels à la tolérance, nourrissent son inspiration. Elle acquiert la sagesse et la transmet à chacun de nous à travers son répertoire. Écoutez Sunrise to Sunset, Aka Chosen ou Forget Yourself, vous ne pourrez que vibrer. Lisez les paroles de ses chansons, vous ne pourrez qu’acquiescer. Natalia M. King nous fait frissonner, nous émeut, nous enchante !