
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
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Valérie Ekoumè voit tout et dit tout!
Sur son troisième album, la chanteuse camerounaise Valérie Ekoumè veut clamer haut et fort son refus des inégalités et de l’injustice. Au contact de ses aînés, Coco Mbassi, Maceo Parker, Courtney Pine ou Papa Wemba, elle a pu observer le monde évoluer et les inquiétudes se multiplier. Monè est un disque éclectique, mais sa légèreté mélodique n’altère pas son propos. Il est temps de dire ce que l’on voit tristement se répéter. La contestation est une saine indignation. Valérie Ekoumè en est convaincue !
Née en France, Valérie Ekoumè ne néglige pas pour autant ses racines camerounaises. Soutenue par le percussionniste, batteur et chef d’orchestre, Guy Nwogang, elle veut réaffirmer par le rythme et l’harmonie son identité africaine. Déjà dans Djaalé et Kwin Na Kingue, ses précédents albums, elle mettait en lumière la source de sa créativité. Monè enfonce le clou et fait appel à un héritage patrimonial nourri par les cadences de l’Assiko, l’Essèwè, la Makossa, le Bikutsi, l’Ekang… Ces marqueurs séculaires illuminent le discours de l’interprète qui se joue des conventions pour se faire entendre. Sa complicité autrefois avec le regretté Manu Dibango fut certainement un atout. Elle eut le loisir de côtoyer un maestro attaché à sa terre et à ses origines. Cet exemple-là fut déterminant et enrichissant.
Même si Valérie Ekoumè fredonne depuis sa plus tendre enfance, ses collaborations diverses et variées, au fil des années, ont forgé sa tessiture et ont accéléré son développement artistique. Désormais plus aguerrie, elle chante en toute confiance son histoire et celle de ses aïeux. Elle n’hésite pas à citer Miriam Makeba ou Whitney Houston parmi ses muses. Le compagnonnage de Guy Nwogang légitime d’ailleurs cette audace car ce fameux rythmicien, partenaire de Stevie Wonder, Salif Keita, Pee Wee Ellis, Pierre Akendengue ou Étienne Mbappé, insuffle son expérience et sa vitalité. Assurer un vibrant tempo est une exigence quand un artiste veut tenir son rôle de porte-parole. En ces temps de tumultes internationaux, la musique peut avoir un impact sur les consciences et susciter la réflexion.
Valérie Ekoumè ne prétend pas être la solution aux tribulations du monde, mais elle veut contribuer à l’effort collégial. Miso Na Mudumbu, le titre qui ouvre son nouvel album, est une incitation à ouvrir les yeux et à se battre pour ses convictions. L’art a-t-il le pouvoir de changer le cours de l’histoire ? Les mots et les notes sont-ils efficaces contre les dérives de notre XXIème siècle ? Il est pertinent de se poser toutes ces questions. Valérie Ekoumè ne veut plus détourner le regard. Il faut affronter les problèmes du présent et tenter de répondre aux défis de notre temps. C’est la promesse de ce disque enthousiasmant dont la trépidante musicalité ne doit pas tempérer l’intention.
► Le site de Valérie Ekoumè.