
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
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Les Musiques, les Afriques
Qu’il est réducteur de parler de «la musique africaine» quand tant de cultures, d’histoires, de traditions, nourrissent la richesse de ce continent si vaste et contrasté. Florent Mazzoleni est l’auteur d’un bel ouvrage intitulé Afriques Musiques (Hors Collection Éditions) qui défend avec force la pluralité ancestrale des formes d’expressions africaines. Il nous propose un voyage dans le temps à la découverte des mille et un trésors des patrimoines africains.
Si les racines des musiques africaines prennent leurs sources dans le terreau originel, il est intéressant de constater que le métissage a nourri l’esprit créatif des interprètes et instrumentistes au fil des décennies. Comme un aller-retour transatlantique, les mélopées issues du continent africain se révèlent souvent dans une lecture multiculturelle des rythmes et des harmonies. L’implacable impact de l’histoire coloniale sur le développement des arts est une réalité incontestable, mais la volonté farouche de dépasser les temps anciens et de sublimer les influences sonores est une constante salvatrice en Afrique. Les Amériques ont certainement été ce boomerang qui renvoyait l’écho d’une créolité subie, mais finalement bienvenue. Les musiques cubaines et américaines, par exemple, ont abreuvé les répertoires africains. La Rumba congolaise, l’Afrobeat nigérian, le Highlife ghanéen, notamment, ont en eux ces idiomes entendus au-delà des mers et des océans.
Il ne faut évidemment mésestimer l’âme d’un terroir toujours vivace, mais le partage et l’écoute créent l’envie et l’inspiration. C’est ainsi que les musiques africaines ont acquis une vigueur arc-en-ciel indiscutable. Cette résilience musicale aux soubresauts sociaux a dévoilé des accents et des intonations qui identifient aujourd’hui les peuples africains et leur place dans le monde. Le M’balax au Sénégal, le Makossa au Cameroun, le Kwaito en Afrique du Sud, la Morna au Cap-Vert, sont autant de vocabulaires mélodiques qui dressent le portrait d’une Afrique plurielle en perpétuel mouvement. Ces langues et cadences ont également façonné des personnalités dont l’image et l’aura imposent le respect. Fela Kuti, Manu Dibango, Cesaria Evora, Franco Luambo, Ernesto Djedje, Francis Bebey, entre autres, ont défendu un espace de liberté devenu universel.
Les moyens techniques, les choix politiques, les opportunités artistiques ont souvent décidé du sort de nombreuses formations. Le Rail Band de Bamako, le Super Diamono de Dakar, L’orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, notamment, ont vaillamment résisté aux défis du quotidien et, même si certains groupes historiques peinent à poursuivre l’aventure, la nostalgie l’emporte et nous pousse à écouter leurs œuvres, encore et toujours, comme s’il fallait figer le temps et nous convaincre que les musiques africaines sont éternelles…