Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
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Robert Finley a pris son temps…

Robert Finley en concert à La Boule Noire à Paris, le 22 novembre 2022. © Christian Rose

Il lui aura fallu attendre la soixantaine pour que son nom parvienne à susciter l’intérêt du public et des médias. Robert Finley est un chanteur originaire de Louisiane, dont la voix profondément Soul vous transperce instantanément. Né en 1954, il ne fera paraître son premier album qu’en… 2016. Immédiatement saluée par l’industrie du disque, cette première production lui donnera des ailes. Le deuxième disque confirmera sa valeur artistique. Aujourd’hui, à 68 ans, Robert Finley est sur un petit nuage. Il présente son troisième opus, Sharecropper’s son, à travers la planète. 

Le 22 novembre 2022, Robert Finley enthousiasmait le public de la Boule Noire à Paris. Son large sourire, son allure rugueuse et sa voix puissante fascinaient les spectateurs très réceptifs à son répertoire et à ses commentaires humoristiques teintés d’un vécu certainement chahuté. Le quotidien du jeune Robert Finley, à l’aube des années 60, était hasardeux et très modeste. Dans la petite ville de Bernice où il naquit, le poids de la ruralité décidait de son sort. Il n’eut pas d’autres choix que de suivre l’exemple de son père, métayer, et de participer bon gré mal gré aux travaux agricoles. La vie à la campagne devait être son chemin, mais une passion secrète nourrissait ses rêves d’un ailleurs plus prometteur. 

Le Blues et la Soul-Music habitaient son esprit fertile même si la bienséance lui dictait d’écouter des cantiques religieux. À l’insu de l’autorité parentale, il se tournait progressivement vers les musiques profanes. Ce goût pour le patrimoine populaire afro-américain ne le quittera jamais. En 2015, alors qu’il joue de la guitare dans les rues d’Helena en Arkansas, le créateur de la fondation «Music Maker» le remarque et décide de le soutenir dans sa quête d’un avenir musical. Tim Duffy lui présente des producteurs et l’encourage à enregistrer un album. En 2016, à 62 ans, Robert Finley se révèle enfin à travers son premier disque logiquement intitulé Age don’t mean a thing (L’âge n’a pas d’importance). Couronné de succès, ce disque introductif suscite l’intérêt du guitariste et chanteur Dan Auerbach, leader du groupe de rock, The Black Keys.

© Christian Rose
Robert Finley n’est désormais plus l’ombre de lui-même.

La rencontre entre Robert Finley et Dan Auerbach a lieu en 2017. Une complicité naît instantanément entre ces deux hommes que rien ne rapproche. Et pourtant, la musique saura créer le dialogue et accélérera une intense collaboration qui se concrétisera par deux albums de grande qualité, Going Platinum et Sharecropper’s son. Robert Finley retrouve alors une seconde jeunesse et, même si sa vue baisse et lui impose désormais d’être accompagné lors de ses déplacements, il veut profiter de cette chance d’être entendu et de donner de l’espoir à ceux qui souffrent. Il ne cesse de le répéter : «Les rêves finissent toujours par se réaliser». 

Autrefois, il se cachait pour écouter ses idoles tant la force des traditions familiales pieuses étaient pesantes. Aujourd’hui, il se félicite de pouvoir jouer cette musique qui sommeillait en lui et qui n’attendait que le moment opportun pour jaillir. Robert Finley est heureux. Ses lunettes noires et son stetson ne parviennent même pas à masquer son bonheur. 

Facebook de Robert Finley.

 

© Christian Rose
Robert Finley embrasse l’avenir à bras ouverts et remercie la providence.