Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
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Bernard Allison, gloire et déboires

Bernard Allison nous présente son dernier album «Highs and Lows» (Ruf Records). © Joe Farmer/RFI

Comme le titre de son dernier album l’indique, Bernard Allison a éprouvé des joies intenses et a affronté de sérieux défis depuis sa naissance en 1965. «Highs and Lows» est le reflet d’une vie rythmée par les soubresauts du quotidien. Il lui fallut batailler ferme pour se faire un prénom. Bernard Allison est le fils du regretté Luther Allison. L’aura imposante de son père a longtemps pénalisé son propre développement artistique. Irrémédiablement, les comparaisons fusaient et lui imposaient de se distinguer. À 57 ans, il est enfin lui-même et se plaît à le marteler.

Du haut de sa quinzaine d’albums, Bernard Allison peut légitimement affirmer que sa destinée est aujourd’hui ancrée dans «L’Épopée des Musiques Noires». Il peut aussi plus aisément se retourner sur le passé et évoquer tous ceux qui l’ont accompagné dans son cheminement blues multicolore. Il y a évidemment la figure paternelle, mais aussi toutes ces personnalités qu’il croisait dans la maison familiale dont Bobby Rush (89 ans) qu’il invite d’ailleurs sur son dernier album. Bernard Allison s’est ainsi construit un univers qu’il revendique avec force. Pétri de funk, de soul-music, il a su éviter l’écueil de suivre les traces de ses aînés au point d’en être qu’une empreinte. Ses compositions, sa tonalité, ses choix personnels ont déjoué les prédictions des éternels rochons toujours prompts à trouver la faille d’un héritier. 

© Joe Farmer/RFI
Bernard Allison au micro de Joe Farmer.

Certes, Bernard Allison reçut le soutien de sa famille, mais la vie d’un musicien ne se dessine pas seulement sur les enseignements du passé. Les rencontres, les opportunités, la pratique intensive, les concerts innombrables, forgent l’esprit et le talent d’un artiste. Aurait-il pu se confronter au génie guitaristique de Prince s’il n’avait pas acquis une solide expérience de scène ? Il eut ce privilège, lors d’une cérémonie d’anniversaire organisée à Paisley Park par le maître des lieux. Bernard Allison a en lui ce don d’adaptation stylistique qui lui permet de jouer avec les rythmes et les harmonies hérités du blues ancestral en les triturant à sa guise. Le meilleur exemple fut, sans nul doute, l’album «Funkifino» de 1995 dans lequel les ornementations inspirées d’un Bootsy Collins semblaient dicter l’orientation groove de ce répertoire scintillant.

© Joe Farmer/RFI
Bernard Allison, heureux d’être de passage à RFI.

Longtemps Parisien, Bernard Allison vit désormais à Minneapolis aux États-Unis, mais il ne cache pas sa nostalgie des années d’apprentissage dans la ville lumière. Il se souvient des concerts au New Morning, de son hommage à Jimi Hendrix, de son premier groupe franco-américain, de l’enregistrement de son premier album «The Next Generation». Il était, en effet, ce jeune homme plein d’avenir porteur d’un patrimoine qu’il lui fallait défendre et sublimer. Il releva brillamment ce défi et démontra sa valeur en maîtrisant parfaitement un art dont il est l’un des légataires universels. 

Bernard Allison nous le promet… Il reviendra en 2023 en France et, pourquoi pas, au New Morning à Paris où il fit ses premières armes, il y a 30 ans. La célébration risque fort d’être étincelante !

Le site de Bernard Allison.