
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
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De la Guadeloupe à l’Érythrée, le lien africain
Sonny Troupé est un brillant percussionniste et batteur guadeloupéen dont les œuvres et nombreuses prestations illustrent la force expressive de la culture caribéenne et, plus particulièrement, du gwoka. Son homologue trompettiste Hermon Mehari défend lui aussi ses origines, enracinées dans la terre érythréenne. Parfois partenaires sur scène, leur langage jazz les rapproche irrésistiblement à travers la matrice africaine. Ils seront tous les deux invités du festival Sons d’Hiver qui se tient jusqu’au 18 février 2023 en région parisienne et prennent le temps, ce dimanche, de nous conter leur destinée.
La musique, dit-on, est un langage universel qui dépasse les frontières géographiques. Sonny Troupé et Hermon Mehari ont des racines très lointaines et, pourtant, ils parviennent à trouver un terrain d’entente. Ils l’ont prouvé en s’illustrant dans l’orchestre de la contrebassiste Sélène Saint-Aimé. Bien qu’il leur arrive de briller ensemble, ils ont aussi développé, au fil des années, des projets personnels qui les identifient et les distinguent. Comment expliquer alors cette camaraderie artistique durable ? Il faut croire que le lien africain ancestral nourrit leurs échanges musicaux et leur compréhension mutuelle. La sensibilité d’un musicien n’est pas palpable, elle est un ressenti que ces deux virtuoses ont appris à exprimer à travers leurs œuvres.
Hermon Mehari a choisi la révérence en revitalisant, dans un jazz libre et audacieux, les traditions héritées de ses aïeux. Asmara est une ode à un patrimoine qu’il a progressivement apprivoisé et dont il se réclame désormais avec force. L’Érythrée, dont il garde le souvenir fugace d’un enfant de 5 ans, est en lui. Il lui faut, à présent, s’approprier cette mémoire diffuse et lui accorder une place significative dans l’élaboration de ses futurs projets. En invitant la chanteuse Faytinga sur son dernier album, Hermon Mehari démontre son attachement à un pays dont il ne peut que constater les soubresauts politiques et sociaux. Il donne aussi la parole à une artiste contrainte à l’exil affichant ainsi des convictions humanistes incontestables.
Sonny Troupé partage certainement les prises de position de son homologue jazzman. Sa destinée est différente mais l’enjeu est le même : défendre une identité culturelle spécifique. Pour cela, cet impeccable rythmicien multiplie les prestations et fait scintiller le tambour Ka de mille manières. Ses propositions musicales traduisent toujours son désir ardent d’exposer les richesses caribéennes. Au sein du collectif «Big in Jazz» comme dans ses créations récentes, Nouvo Lokans et Fonn Kè, Sonny Troupé n’a qu’un but : présenter au plus grand nombre la généalogie sonore des Antilles.
Hermon Mehari et Sonny Troupé ont une intention commune : suivre les pas des grands anciens et saluer leur mémoire en perpétuant leur message au XXIè siècle. Il paraissait logique de les retrouver à l’affiche du festival «Sons d’Hiver» qui, par sa programmation, encourage la transmission du savoir.
⇒ Le site du festival «Sons d'hiver».