Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
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Lee Fields, à la source de la Soul-Music

Lee Fields à RFI (février 2023). © Joe Farmer/RFI

Au milieu des années 90, le chanteur de Soul-Music, Lee Fields rencontre deux jeunes producteurs qui lui promettent monts et merveilles. Interloqué par l’aplomb de ces fougueux interlocuteurs, il écoutera leurs sollicitations et finira par lier amitié. Si leurs chemins respectifs s’éloignent au fil des années, le souvenir reste intact. Quand, 25 ans plus tard, Daptone Records propose un contrat à Lee Fields, il se remémore subitement cette première entrevue avec deux gamins prêts à tout pour le signer sur leur jeune label. Sentimental Fool est, d’une certaine manière, le fruit mûri de cette main tendue initiale. À quelques jours de son concert à Paris au Trianon, Lee Fields célèbre, à notre micro, des retrouvailles.

Daptone Records a toujours eu le bon goût d’accueillir des artistes de grand talent. On se souvient de Sharon Jones et Charles Bradley, notamment. Lee Fields légitime ce désir des producteurs de célébrer les grandes figures de la Soul-Music historique. Né en 1951 dans le sud des États-Unis, ce brillant interprète a vécu de l’intérieur « L’Épopée des Musiques Noires ». Adolescent, il écoutait ses héros dont James Brown qui l’inspirait profondément. À 72 ans, sa fougue et son bagout traduisent une envie de vivre intensément le bonheur d’être enfin reconnu à sa juste valeur. Il aura tant attendu cette unanimité populaire. Bien qu’il débuta sa carrière à l’aube des années 70, ce n’est qu’au tournant du XXIe siècle que l’industrie du disque le propulse dans le feu des projecteurs. Lee Fields est donc un survivant qui ne s’apitoie pas sur son sort même sa destinée fut un chemin de croix. Si son développement artistique en dents de scie l’a longtemps pénalisé, c’est davantage son quotidien d’homme noir dans une Amérique raciste qui l’a meurtri. Il le reconnaît volontiers, marcher dans la rue la peur au ventre, affronter les chiens et les violences policières, subir les intimidations et les humiliations, c’est une épreuve qui laisse des traces et vous pousse à chercher perpétuellement le réconfort.

© Joe Farmer/RFI
Lee Fields dans la régie de RFI.

Lee Fields prône donc l’amour universel. Il est croyant et considère que sa foi peut susciter joie et bonheur. Qu’il s’exprime sur scène ou dans un studio de radio, il est convaincu que les paroles qu’il prononce auront un impact sur les consciences. Pourquoi ne pas le croire ? Somme toute, transmettre des ondes positives en des temps troublés est un sacerdoce plutôt honorable. Finalement, Lee Fields est un romantique et son dernier album, Sentimental Fool, en est le reflet éclatant. Il veut être un homme de paix et lorsqu’il se souvient de la guerre du Vietnam, de ces vaillants soldats que l’armée américaine célébraient à grand renfort de cérémonies honorifiques, il se dit que ces militaires revenus estropiés doivent être mieux considérés. Il n’ont plus toutes leurs capacités physiques ou mentales, ils n’ont même plus cette estime de soi nécessaire pour vivre en société. Ils sont pourtant, à ses yeux, des hommes extraordinaires. Ce message poignant conclut le nouvel album de Lee Fields. Est-ce une prise de position politique ? Lee Fields s’en défend. Il n’est pas un activiste. Il relate des faits, partage son opinion et cherche à apaiser les esprits. 

Gageons que le public français sera accueillir son discours de sagesse le 17 février au Trianon à Paris !

Le site de Lee Fields.

© Joe Farmer/RFI
Lee Fields répond aux questions de Joe Farmer.