Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

Samara Joy, nouvelle étoile du jazz!

Au milieu d’un agenda frénétique, Samara Joy se relaxe à RFI. © Christian Rose

Depuis le 5 février 2023, le nom de Samara Joy est sur toutes les lèvres ! À seulement 23 ans, la jeune chanteuse américaine a reçu deux Grammy Awards dont celui de « révélation de l’année », toutes catégories confondues. Elle doit ces lauriers à une maîtrise parfaite de l’art vocal jazz dont elle pourrait devenir l’une des reines. Certaines oreilles averties entendent dans sa voix l’écho d’Ella Fitzgerald, de Sarah Vaughan ou de Betty Carter. Saura-t-elle résister à cette fulgurante notoriété ? 

Depuis cette journée particulière qui la propulsa dans le feu des protecteurs, Samara Joy a vu son quotidien s’accélérer drastiquement. L’académie du jazz à Paris lui a également remis un trophée et les demandes d’interviews se multiplient. Il est certain que ses apparitions scéniques seront nombreuses ces prochains mois tant son agenda se remplit à vue d’œil. Face à ce déferlement de sollicitations, la jeune femme garde les pieds sur terre et ne s’enflamme pas. « C’est vrai que cela est inattendu et pesant parfois mais j’ai une équipe autour de moi qui gère cet emploi du temps devenu un poil trépidant. Je peux vous dire que ça va beaucoup plus vite que je ne l’avais imaginé. Je n’avais pas planifié tout cela. Je n’aurais jamais pensé qu’en 2023 ma vie change à ce point. Il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ce qui vient de m’arriver. J’ai l’impression d’être dans une spirale sans fin mais je n’ai aucune raison de me plaindre. Je parle beaucoup avec ma famille. J’utilise FaceTime et j’essaye de ne pas trop me laisser distraire par les à-côtés de ce métier. Il faut que je reste concentrée sur mon développement artistique et ma maîtrise de l’art vocal. Mon père me donne beaucoup de conseils sur ce que je dois dire et sur la manière dont je dois agir car, pour lui, cela aura un impact sur la personne que je deviendrai. Il faut donc avoir des pensées positives. Quand je suis loin de la maison, je pense beaucoup à cela ». (Samara Joy au micro de Joe Farmer)

 Au-delà de l’engouement populaire pour cette artiste en pleine ascension, il y a un talent indéniable pour l’interprétation jazz. Bien qu’elle épouse aujourd’hui avec aisance un répertoire héritée de ses aînées, Samara Joy n’envisageait pas jadis d’évoluer dans cet univers swing. Gamine, elle était davantage séduite par le gospel, le funk et la soul-music. Son goût pour les grandes voix d’antan s’est développé progressivement. « ​Ce qui m’a le plus captivée quand j’ai commencé à découvrir le jazz, c’est l’authenticité de cette musique. Quand vous écoutez la voix d’une chanteuse de jazz seulement accompagnée par deux ou trois musiciens, vous percevez immédiatement l’intention. Vous comprenez instantanément l’histoire que l’on vous raconte. C’est cette dimension poétique-là qui m’a fait entrer dans le jazz. D’une certaine manière, cela me rappelle mon enfance à l’église. Dans les cantiques, une seule voix peut vous dire tant de choses. Il n’y a pas de fioritures. Ce n’est pas du spectacle ! C’est un moment unique de communion populaire à travers une narration mélodieuse. J’aimerais, dans l’avenir, raconter des histoires tout au long d’un concert. C’est la raison pour laquelle j’aime Nina Simone, Abbey Lincoln et Max Roach. Derrière leurs œuvres, il y avait une forme de militantisme qui me passionne. Je pourrais dire la même chose des chanteurs de blues ou de Duke Ellington qui, à travers son œuvre emblématique « Black, Brown and Beige », a dessiné les contours du jazz ». (Samara Joy sur RFI)

 

© Christian Rose
Samara Joy, heureuse de présenter son album «Linger Awhile».

 

À ce jour, Samara Joy n’a fait paraître que deux albums. Le dernier en date, « Linger Awhile », multi-primé, fait l’unanimité. Sur ce disque, elle joue malicieusement avec les intonations de sa voix en adoptant des techniques vocales empruntées à ses idoles. Elle maîtrise d’ailleurs avec merveille la « Vocalese », une approche singulière de la musicalité jazz inventée par le regretté chanteur Jon Hendricks. «​ Je m’inspire beaucoup de lui lorsque j’écris les paroles de mes chansons. Grâce à lui, j’ai appris à raconter une histoire avec simplicité et efficacité. Je n’ai pas d’autres choix que de me référer à Jon Hendricks, donc au patrimoine, pour trouver ma propre voie. Il fut un incroyable chanteur, un parolier exceptionnel, et je prends beaucoup de plaisir à interpréter ses mots. La « vocalese » est une technique de chant qui transforme les notes en mots, un solo instrumental devient une improvisation vocale. Dans une de ses interviews que j’ai lues récemment, il disait que son but ultime aurait été d’improviser des paroles tout en improvisant un solo. Je pense que je suis incapable de réaliser cela aujourd’hui. L’improvisation est un exercice si difficile que je ne m’y risquerai pas ! Je me suis beaucoup inspiré de Jon Hendricks. J’écoute beaucoup les instrumentistes, les trompettistes, les saxophonistes, les pianistes, et quand j’entends une ligne mélodique suffisamment lyrique pour être adaptée vocalement, je m’en empare. J’imagine aussitôt des paroles qui pourraient être calquées sur ces solos ». (Samara Joy – Avril 2023)

L’épopée de Samara Joy ne fait que commencer mais la ferveur qui accompagne ses premiers pas laisse entrevoir une majestueuse destinée. La liste des concerts s’allonge chaque jour davantage et les spectateurs qui auront le bonheur d’applaudir ses prouesses vocales pourront se féliciter, dans quelques années, d’avoir assister à la naissance d’une étoile du jazz. 

Samara Joy se produira à guichets fermés au Village Vanguard à New York, du 25 au 30 avril 2023. Elle rejoindra l’Europe cet été avec des concerts en Italie, Allemagne, France, notamment, Antibes, Vienne, Montpellier, Marseille, Marciac et Paris (La Villette). Vivement !

 ⇒ Le site de Samara Joy.

 

© Christian Rose
La gracieuse Samara Joy en studio à RFI.