
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Hommage à Harry Belafonte
Le 25 avril 2023, nous apprenions la disparition, à 96 ans, d’un immense artiste : Harry Belafonte. Chanteur, acteur, activiste, il fut de tous les combats. Il soutiendra le mouvement des droits civiques aux côtés de Martin Luther King. Il accompagnera les premiers pas de Miriam Makeba aux États-Unis. Il épousera la cause anti-apartheid de ses frères sud-africains. Il participera à de nombreuses œuvres caritatives dont le fameux album, USA For Africa, initié par Michael Jackson, Lionel Richie et Quincy Jones. Il deviendra ambassadeur auprès d’Amnesty International et deviendra une icône, un sage, que l’on écoute et que l’on respecte.
Son engagement citoyen a, cependant, un peu éclipsé sa carrière de chanteur pourtant essentielle dans l’évolution du paysage musicale américain. Né à Harlem de parents caribéens, Harry Belafonte sera le premier à redessiner les contours de la société multiculturelle outre-Atlantique. Il imposera les rythmes et mélodies des Antilles et de Jamaïque dans son univers artistique. Le calypso et le mento bousculeront les années 1950 et les certitudes des producteurs de disques. Subitement, bien avant que l’on ne parle de « World Music », une alternative au rock’n’roll d’Elvis Presley fera sensation. Harry Belafonte deviendra l’autre visage incontournable de cette époque bouillonnante. Un air traditionnel de Trinidad va le hisser au rang des étoiles de l’art vocal d’alors. Banana Boat Song, emprunté au chanteur Edric Connor, propulsera Harry Belafonte au sommet de la gloire. Nous sommes en 1956 et sa notoriété croît rapidement. Son album Calypso se vendra à plus d’un million d’exemplaires.
Harry Belafonte est alors le contemporain des Miles Davis, Charlie Parker, Max Roach mais aussi de Woody Guthrie et Leadbelly qui lui montrent le chemin de l’expressivité folk. Il veut être un troubadour qui clame son refus de l’injustice et des inégalités. Comme son chaperon, Paul Robeson, il se voit pourfendeur des dérives institutionnelles et entend user de son art pour inciter à l’examen de conscience. Au théâtre, à l’écran, sur scène et bientôt dans la rue, Harry Belafonte s’insurge contre les violences policières, les exactions impunies et les disparités sociales. Le chanteur-comédien laisse progressivement place au militant qui ne se satisfera jamais du consensus.
Réécouter ses premières œuvres éclaire notre compréhension de cette Amérique embourbée dans ses contradictions. Harry Belafonte fut une figure majeure de « L’épopée des Musiques Noires », célébrée en tant que telle, mais aussi un orateur trop audacieux pour ne pas irriter les gardiens du conservatisme acharné. Bruno Blum, auteur d’une anthologie disponible chez Frémeaux et Associés, insiste sur le souffle novateur de ce vaillant personnage dont les racines métisses ébranlaient les réflexes identitaires d’un pays qui, malgré tout, lui donna sa chance.
⇒ Facebook de Harry Belafonte.