Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Barbara Hendricks sur le chemin de la liberté
Du 14 au 22 avril 2023, le Cully Jazz Festival a fêté sa 40ème édition. Pour l’occasion, l’affiche ruisselait de notes étincelantes et de noms prestigieux. La soprano Barbara Hendricks, le pianiste Cheick Tidiane Seck, le chanteur Michael Mayo, la koriste Sona Jobarteh, le batteur Manu Katché, le collectif Kokoroko, le multi-instrumentiste Mulatu Astatke, entre autres, ont fait vibrer cette petite ville suisse au bord du lac Léman. Nos micros ont capté l’effervescence de cette programmation anniversaire.
Le dimanche 16 avril 2023, une voix cristalline revitalisait des « spirituals » hérités du patrimoine africain-américain. L’illustre Barbara Hendricks livrait une prestation frissonnante durant laquelle elle interprétait quelques hymnes échappés de « L’Épopée des Musiques Noires ». De People Get Ready à We Shall Overcome, le répertoire au programme de cette somptueuse soirée s’inspirait de son album The Road To Freedom et semblait appeler à l’égalité et à la concorde entre les peuples. Ce n’est pas la première fois que Madame Hendricks joue avec les harmonies du jazz, du blues et du gospel. Depuis 30 ans, périodiquement, elle se laisse enivrer par les mélodies profanes comme sacrées de l’Amérique noire.
Ce choix artistique est également, à ses yeux, un engagement citoyen. Si les chansons, divinement restituées par son incroyable tessiture, nous renvoient à un passé douloureux quand la ségrégation frappait cruellement une partie de la population américaine, elles sont aussi le rappel nécessaire d’une situation sociale toujours âpre et injuste au XXIè siècle. Barbara Hendricks est une femme de cœur qui ne se soustrait pas à ses convictions personnelles au profit d’une lumineuse image publique. Ambassadrice de bonne volonté auprès du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, elle sait déceler les injustices et les dénoncer. Ses nombreux voyages à travers la planète lui confèrent une légitimité que l’on ne saurait contester.
Son tour de chant ne fut pas seulement un moment de pur plaisir musical, il alertait sur les dérives de nos sociétés. Il n’est jamais anodin de s’emparer d’une œuvre aussi emblématique que Strange Fruit immortalisée par Billie Holiday. Il n’est jamais futile de s’approprier l’esprit frondeur de Nina Simone à travers le classique I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free. Barbara Hendricks a parfaitement conscience que ces chansons ont un sens et un impact sur les consciences. Elle les sublime dans un lyrisme vocal et poétique ensorcelant. L’ovation du public suisse approuva indubitablement cette audace. Le 40ème Cully Jazz Festival ne faisait que commencer mais de quelle manière !
⇒ Le site de Barbara Hendricks
⇒ Le site du Cully Jazz festival.
