
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXème siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Jeunes pousses et artistes aguerris à Cully
Du 14 au 22 avril 2023, le Cully Jazz Festival a fêté sa 40ème édition. Pour l’occasion, l’affiche ruisselait de notes étincelantes et de noms prestigieux. La soprano Barbara Hendricks, le pianiste Cheick Tidiane Seck, le chanteur Michael Mayo, la koriste Sona Jobarteh, le batteur Manu Katché, le collectif Kokoroko, le multi-instrumentiste Mulatu Astatke, entre autres, ont fait vibrer cette petite ville suisse au bord du lac Léman. Nos micros ont capté l’effervescence de cette programmation anniversaire.
Plusieurs générations de musiciens se sont croisées durant cette semaine de festivités. Le 18 avril 2023, trois virtuoses aguerris ont enthousiasmé les spectateurs attentifs à leurs envolées afro-palpitantes. Après les prouesses de la jeune koriste gambienne Sona Jobarteh, il fallait de l’énergie et du cran pour mobiliser à nouveau les oreilles curieuses des festivaliers. L’expérience et le savoir-faire de Cheick Tidiane Seck, Paco Sery et Guy N’Sangué ont, sans mal, captivé la foule et suscité des hourras mérités. L’universalisme de leur musique, leur complicité et leur joie palpable d’être sur scène symbolisaient cette concorde que chacun d’eux appelle de ses vœux. Si leurs origines respectives (Mali, Côte d’Ivoire, Cameroun) pouvaient induire une volonté de célébrer un panafricanisme culturel, l’intention dépassait largement leur engagement citoyen. La musique n’a pas de frontières, elle est un langage planétaire qui nourrit nos émotions et, souvent, accélère les échanges. De ce simple constat, nos trois comparses ont conçu un répertoire ouvert, multicolore et inspiré. Leur cheminement artistique, au fil des décennies, a dessiné les contours d’une nouvelle aventure commune qui n’attend plus qu’une parution discographique.
Quelques jours plus tôt, c’est le jeune chanteur américain, Michael Mayo, qui faisait sensation. À l’aube de ses 30 ans, ce brillant polyglotte (il maîtrise quatre langues) semble capable de se mouvoir dans un univers sonore protéiforme sans limite. Son album Bones a déjà conquis de fervents aficionados et continue de surprendre de nouveaux auditeurs. S’il ne peut éviter les comparaisons avec d’autres grandes figures de l’art vocal, comme Bobby McFerrin, il a su imposer sa tessiture élastique et jouer avec les ornementations techniques que le XXIè siècle lui offre aujourd’hui. Ses parents ont certainement fait germer ce talent indéniable. Son père, Scott Mayo, a été le saxophoniste du groupe Earth Wind & Fire et le directeur musical du légendaire Sergio Mendès. Sa mère, Valérie Pinkston, a été choriste dans les orchestres de Diana Ross, Beyoncé, Luther Vandross, Ray Charles ou Whitney Houston… Un tel environnement ne pouvait que propulser le petit Michael dans le feu des projecteurs même s’il se défend d’avoir profité d’un coup de pouce familial bienveillant. Quoi qu’il en soit, Michael Mayo est désormais dans la lumière et ses jolies harmonies devraient séduire de plus en plus d’admirateurs.
Le Cully Jazz Festival a dignement célébré ses 40 ans en restant fidèle à ses principes. Les jeunes pousses ont côtoyé les aînés. Les acclamations furent unanimes. La communion populaire fut irrésistible.