Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

Des Mots et des Notes: La Soul-Music

Le livre «Motown» par Adam White (Éd. Textuel). © Joe Farmer/RFI

Si les musiciens impriment leur histoire à travers la poésie des notes, les écrivains narrent leur destinée dans le lyrisme des mots. Parfois, les deux disciplines s’enchevêtrent et la mélodie des uns nourrit la prose des autres. Savoir susciter, par le verbe, l’intérêt d’auditeurs exigeants est un exercice périlleux. Pourtant, nombre d’auteurs ont cogité, analysé, étudié la place des grandes étoiles afro-planétaires dans notre paysage musical international. 

Adam White a fait paraître, en 2016 aux éditions Textuel, un imposant ouvrage consacré à l’aventure d’une maison de disques historique, Motown, dirigée par un tandem visionnaire, Berry Gordy et Barney Ales. Le premier était Noir, le second était Blanc. Leur association, en pleine ségrégation raciale aux États-Unis, a certainement accéléré l’évolution des consciences. « Berry Gordy n’attachait pas d’importance à la couleur de la peau. Pour lui, ce qui comptait, c’était votre capacité à accomplir votre tâche. Il a trouvé en Barney Ales une personne de confiance qui comprenait parfaitement l’industrie musicale. Au-delà de leur complicité professionnelle, ils avaient un respect l’un pour l’autre. Ils étaient de vrais amis. Dans mon livre, il y a d’ailleurs une photo où l’on voit Berry Gordy et Barney Ales avec leurs épouses qui sont assises sur les genoux de l’un et de l’autre dans un club de Detroit. Cela vous donne une idée de leur relation fraternelle. Cela symbolise également la manière dont ces deux hommes d’affaires envisageaient le développement de leur label et l’esprit qu’ils tentaient d’imposer » (Adam White au micro de Joe Farmer). 

© Joe Farmer/RFI
Le livre «Soul for One» par Olivier Cachin (Éditions de la Martinière).

 

À quoi reconnaît-t-on une voix pétrie de Soul-Music ? Est-ce l’émotion, le discours, la maturité ? Tant de spécialistes se sont posé la question ! Aucun n’a vraiment su définir l’essence de cette forme d’expression impalpable mais si frissonnante. Ils ont été des dizaines à s’interroger et si leurs écrits donnent des clés de compréhension, le mystère de l’indicible ferveur sonore reste entier. Le journaliste Olivier Cachin s’était penché sur le sujet, en 2011, en publiant « Soul for One », une riche enquête aux éditions de La Martinière. 

Des historiens ont parfois préféré honorer les grandes figures d‘antan. Aretha Franklin est, sans nul doute, une artiste dont le roman de la vie peut guider les meilleures plumes. Sebastian Danchin s’était attaché à faire un pas de côté en évoquant l’épopée de la « Queen of Soul ». Cette biographie, parue en 2005 chez Buchet Chastel, nous plonge dans une Amérique embourbée dans ses contradictions dont la rédemption passe par la vigueur d’une voix gospel unique. Les années 60 et 70 représentent indubitablement un âge d’or durant lequel l’élan revendicateur des artistes entretenait la flamme militante et l’inspiration citoyenne. 

© Joe Farmer/RFI
Le livre «Aretha Franklin, Natural Woman» par Sebastian Danchin (Éd. Buchet Chastel).

 

James Brown fut, sans conteste, la figure de proue de cet engagement frondeur. « I’m black and I’m proud » devint, en 1968, l’hymne de la contestation contre les exactions policières et l’oppression constante des autorités à l’égard de la communauté africaine-américaine. Véritable icône, le « Parrain de la Soul » méritait un ouvrage de poids. Le journaliste et homme de télévision, Philippe Manœuvre, avait écrit un pavé de plusieurs kilos à la gloire de son héros que les Éditions du Chêne avaient commercialisé en 2007. 

Les instrumentistes écrivent des partitions. Les écrivains cadencent les lettres. Ces deux mondes se lisent et s’écoutent… 

À lire : 

- « Motown » (Éd. Textuel) – 2016

- « Soul for One » (Éd. La Martinière) – 2011

- « Aretha Franklin, Natural Woman » (Éd. Buchet Chastel) – 2004

- « James Brown » (Éd. Chêne) - 2007.

© Joe Farmer/RFI
«James Brown», de Philippe Manoeuvre (éd. Chêne) ; «Aretha Franklin, Natural Woman», de Sebastian Danchin (éd. Buchet Chastel) ; «Soul for one», d'Olivier Cachin (éd. de la Martinière) ; «Motown», d'Adam White (éd. Textuel).