
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Qu’est-ce que le Rhythm’n’Blues?
Le terme « Rhythm’n’Blues » est aussi usité qu’indéfini. Derrière cette appellation imprécise, se cachent une multitude d’artistes et de courants musicaux qui ont façonné le paysage afro-américain de la seconde moitié du XXè siècle. Belkacem Méziane est l’auteur d’un ouvrage didactique réunissant une centaine de titres représentatifs de cette forme d’expression qui a dessiné les contours de L’Épopée des Musiques Noires.
« Jump Blues », « Doo Wop », « Boogie-Woogie », tous ces termes obscurs sont autant d’ingrédients nécessaires à la genèse du « Rhythm’n’Blues ». Certes, cela ne nous donne pas beaucoup plus de clés de compréhension mais il est nécessaire d’apprivoiser ces idiomes pour prendre conscience de la révolution musicale qui agita les États-Unis au tournant des années 50. Pour beaucoup de musicologues, le « Rhythm’n’Blues » est la matrice du Rock’n’Roll. Cette assertion est cependant incomplète et réductrice. L’histoire sociale africaine-américaine doit impérativement être prise en compte pour appréhender sa valeur culturelle.
Avant que le « King » ne s’empare du répertoire de ses contemporains, la matrice de son inspiration frétillait déjà dans les voix, les instruments et les compositions des musiciens noirs du sud des États-Unis. La ségrégation avait seulement et tristement muselé ces artistes émérites incapables de faire entendre leur talent à l’échelle nationale. Qui se souvient d’Arthur Big Boy Crudup ou de Big Mama Thornton ? Ils sont pourtant les premiers à avoir interprété des œuvres immortalisées par Elvis Presley. On ne parlait pas encore de « Rock’n’Roll » à cette époque même si la ferveur et la structure harmonique ressemblaient fort à cette musicalité qui allait bientôt déferler sur le monde.
Le « Rhythm’n’Blues » fut donc le sédiment de notre paysage sonore actuel. Déjà dans les années 40, le vibraphoniste Lionel Hampton imposait à son orchestre une vigueur étonnante soutenue par quelques souffleurs de renom, dont le saxophoniste Illinois Jacquet qui électrisa le titre Flying Home à travers un solo fougueux devenu légendaire. Nous étions en 1942 à l’aube d’une transformation artistique majeure. Les discriminations raciales furent malheureusement le principal obstacle à l’effervescence du « Rhythm’n’Blues ». Ils furent pourtant nombreux à porter le flambeau et à revendiquer une identité enracinée dans l’âme noire. Hal Singer, Big Jay McNeely, Louis Jordan, et tant d’autres, ont écrit de grands chapitres de cette aventure qu’ils espéraient œcuménique.
La naissance quasi-simultanée de la « Soul-Music » et du « Rock’n’Roll » précipita la disparition du vocable « Rhythm’n’Blues », mais son esprit résista à l’érosion du temps. Ne parle-t-on pas de « R&B » aujourd’hui ? Ce long cheminement a épousé la destinée des Noirs d’Amérique depuis 80 ans. Dans son ouvrage, Belkacem Meziane a su choisir les 100 titres représentatifs de cette prodigieuse Épopée.
À lire : Rhythm’n’Blues - Jump Blues, Doo Wop, Soul-Music – 100 hits de 1942 à 1965 (Éditions Le Mot et Le Reste).