
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
« Rock’n’Road Trip », l’Amérique dans tous ses états
Lauric Henneton et Julien Grossot ont entrepris un parcours musical inédit. En arpentant les 50 États américains, ils ont collecté des œuvres, ont senti l’humeur, ont entendu des histoires, qui ont inspiré un livre imposant. Rock’n’Road Trip (Hors Collection Éditions) est le fruit de ce voyage sonore insensé qui revitalise un siècle de musique populaire américaine. En sélectionnant 1 000 titres inspirés de leur incroyable périple, ils nous plongent dans le temps quand les premiers bluesmen afro-américains nourrissaient la sève du rock, de la pop, de la folk, de la Soul-Music du XXè siècle.
Certes, cette magistrale immersion dans le patrimoine sonore américain ne se limite pas aux musiques noires. La country-music, la surf-music ou les balbutiements du mouvement punk composent également ce tableau multicolore. Notons cependant que les racines africaines de l’expressivité américaine ont constamment nourri, parfois inconsciemment, la créativité de musiciens d’origines très diverses. L’impact culturel de la communauté noire aux États-Unis est indéniable car il accompagne l’histoire troublée de ce pays embourbé dans ses contradictions. Il est évident que la ségrégation raciale dans les États du Sud a suscité des œuvres musicales et poétiques qui ont résisté à l’érosion du temps. L’assassinat du jeune Emmett Till en août 1955 à Money dans le Mississippi a inspiré nombre d’instrumentistes et d’interprètes dont Bob Dylan, Eric Bibb ou Mighty Mo Rodgers. Le meurtre de Martin Luther King à Memphis, en avril 1968, restera indéfiniment associé au répertoire de Nina Simone, de James Brown, d’Aretha Franklin ou de Joan Baez.
Chaque État américain vit au rythme de son actualité et de son histoire sociale. L’Alabama ne se détachera jamais de son passé racial douloureux. Les compositions de J.B Lenoir (Alabama Blues) ou de John Coltrane (Alabama) continueront d’alerter sur les dérives racistes d’une société encore très conservatrice. Le Tennessee sera toujours perçu comme une terre de rencontres où citoyens blancs et noirs se parlaient et, de temps à autre, tentaient d’avancer ensemble. La Louisiane cosmopolite entretiendra cette spécificité multi-ethnique pour donner du goût à son héritage sonore. L’Illinois, au Nord, accueillera les bluesmen échappés de l’enfer sudiste. Le Chicago Blues surgira, électrifiera les guitares et fera naître une tonalité rock irrésistible.
Ces exemples ne sont que les bribes d’une épopée qui concerne 331 millions d’Américains dont le quotidien fut et reste façonné par une géographie musicale inaltérable. La bande son de cette nation hétéroclite reflète les soubresauts, les engagements, les doutes et espoirs d’une myriade d’individualités. Elles forment un peuple dont nous ne cessons d’entendre l’écho, d’écouter les chants, les ritournelles. 1 000 titres ne suffiront pas à cerner la complexité de ce continent nord-américain si vaste et fascinant mais ce Rock’n’Road Trip a, au moins, le mérite de commencer un travail fastidieux de référencement, finalement, ludique et utile !