Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

La voix Soul de Billy Valentine surgit enfin !

Billy Valentine. © Flying Dutcham/Acid Jazz

Trop longtemps dans l’ombre de ses contemporains, le chanteur afro-américain Billy Valentine fait paraître son tout premier album à 73 ans. Compositeur de nombreuses chansons devenues des classiques de Ray Charles, des Neville Brothers ou de Simply Red, ce fringant septuagénaire révèle enfin sa voix ronde et chaleureuse au service d’un répertoire engagé. Rencontre, sans langue de bois, avec un acteur et témoin de son temps, un personnage attachant, humble et fort talentueux. 

Originaire de Columbus (Ohio), dans le nord-est des États-Unis, Billy Valentine reconnaît volontiers n’avoir pas trop souffert des discriminations raciales que ses contemporains subissaient dans le Sud rural américain. Adolescent, il se passionne déjà pour la musique. Avec son frère Alvin, il commence à goûter au plaisir de chanter et de vibrer sur le répertoire Soul en vogue au cœur des années 60. C’est en Californie que sa destinée va s’accélérer. Il rejoint John, son deuxième frère, à Los Angeles et ne tarde pas à créer avec lui un groupe vocal percutant, les Valentine Brothers, dont la réputation va décider de leur sort dans une industrie du disque en pleine mutation. Encore inconnus du grand public, ils parviennent cependant à signer un premier contrat de studio avant de partir en tournée avec la troupe de la comédie musicale « The Wiz ». Cette première grande expérience artistique sera aussi enrichissante que fugace. 

© Joe Farmer/RFI
Billy Valentine au micro de Joe Farmer.

 

La sortie du film « The Wiz », en 1978, précipitera la fin de l’aventure théâtrale et musicale de Billy Valentine. Les spectateurs préfèrent alors aller au cinéma plutôt que de se rendre dans des salles de spectacles. Résultat, sa carrière d’acteur-chanteur s’achève de manière abrupte et ses finances s’effondrent rapidement. Faute de sollicitations scéniques, Billy Valentine décide d’écrire une chanson narrant ses déboires. « Money’s too tight » naît de cette situation sociale périlleuse qui inquiète son auteur. Aurait-il pu imaginer, en cette année 1982, que sa chanson serait adaptée trois ans plus tard par un jeune groupe britannique en pleine ascension, Simply Red ? Le succès de cette nouvelle version fait mouche et ragaillardit le principal intéressé, le créateur originel : Billy Valentine. 

© Flying Dutcham/Acid Jazz
L’album de Billy Valentine.

 

Dès lors, son goût pour l’écriture s’affine et sa confiance s’affirme. Il ose envoyer l’un de ses textes à son héros de toujours, l’illustre Ray Charles. Nous sommes en 1993, le « Genius » a 63 ans et n’est pas contre l’idée de donner un coup de fouet à sa carrière en faisant appel à de nouveaux paroliers. La chanson « My Word » n’est certes pas la plus remarquée à l’époque, mais elle crédibilise un peu plus le statut d’auteur de Billy Valentine. Au même moment, les Neville Brothers, fameuse formation néo-orléanaise, retiennent cinq de ses compositions pour leur album Family Groove. Billy Valentine semble s’installer dans ce rôle confortable de plume inspirée. Il nourrit toutefois le désir inavoué d’interpréter des œuvres emblématiques. C’est le producteur Bob Thiele Jr qui lui tendra la main et, accessoirement, un micro alors qu’il tente de ressusciter le label historique, Flying Dutchman. Les deux hommes s’apprécient de longue date et l’idée d’enregistrer des airs contestataires fait son chemin. La pandémie, l’assassinat de George Floyd, le mouvement « Black Lives Matter », l’assaut du Capitole de Washington par les partisans de Donald Trump, tout concourt à l’élaboration d’un disque engagé. Universal Truth revitalise ainsi des œuvres immortalisées par Gil Scott Heron, Pharoah Sanders, Curtis Mayfield, Stevie Wonder ou Prince. La plus grande surprise n’est pas la production léchée de ce disque épatant mais la voix, profondément enracinée dans l’âme noire, de Billy Valentine. Il était temps que ce maestro de l’art vocal se révèle et nous réveille. 

⇒ Le site de Billy Valentine.