
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
African Jazz Roots, la source originelle du swing
Lorsqu’ils firent connaissance en 2009 à Saint-Louis du Sénégal, Simon Goubert et Ablaye Cissoko n’imaginaient sûrement pas qu’une complicité durable allait naître de leurs premiers échanges. Ce virtuose de la batterie et ce maître de la kora ont un amour commun pour les expérimentations multiculturelles. Leur entente cordiale ne pouvait que mûrir en un esprit de concorde naturelle. 10 ans après le premier album, les deux piliers d’African Jazz Roots dévoilent Seetu. Le swing originel du jazz n’a jamais paru si évident.
Seetu signifie le « reflet » et il est vrai que Simon Goubert et Ablaye Cissoko sont devenus, au fil du temps, le miroir de l’un et de l’autre. Sans s’en rendre compte, ils ont imprimé en chacun d’eux une compréhension mutuelle qui dépasse l’effort de curiosité. Leur communion artistique est aujourd’hui quasi-spirituelle. La musique permet ce miracle. Au-delà de cette fusion sonore afro-européenne, il y a un propos non négligeable : la connaissance patrimoniale. Savoir s’écouter, c’est aussi appréhender l’histoire et ses enseignements. L’élan pédagogique de l’African Jazz Roots ne doit pas être minimisé. Derrière chaque composition, il y a l’enracinement dans une tradition ancestrale. Évoquer « Sundjata » n’est pas anodin. C’est inscrire le jazz dans une continuité temporelle qui prend sa source au XIIIè dans l’empire du Mali. L’évolution progressive des modes de communication ne doit donc pas éluder l’origine de l’expressivité.
Certes, il est pertinent de s’interroger sur la survie de l’oralité à une époque où l’information et le savoir se transmettent à travers des écrans omniprésents dans notre quotidien. La parole est-elle en danger ? La musique est-elle la solution ? Ce langage universel est-il un rempart contre l’inquiétante apathie de la réflexion ? Simon Goubert et Ablaye Cissoko font le vœu de redonner du sens aux valeurs humaines, à l’échange et au partage, à travers un répertoire sans frontières. L’enjeu de leur association fraternelle est de susciter une pensée positive, de la bienveillance, un désir irrépressible de se rencontrer pour mieux s’accepter.
Le défi est immense mais le paisible discours de ces deux âmes sensibles est une force de persuasion indiscutable. Comment peut-on opposer des velléités belliqueuses à une musique rassembleuse ? Une fois de plus, les notes valent mieux que les mots. Le dialogue mélodieux d’instrumentistes aguerris est toujours plus convaincant que les diatribes d’orateurs excessifs.