Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.

Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer

 

 

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30

Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)

À la source du Rock'n'roll

Le coffret 4CDs conçu par Bruno Blum. © Frémeaux & Associés

Le rock est-il l’émanation de la culture africaine-américaine ? Cette sempiternelle interrogation a été tranchée maintes fois depuis des décennies. Pourtant, un ajustement du récit historique n’est jamais vain. Bruno Blum, auteur, dessinateur, guitariste, producteur, conférencier, est le concepteur d’un Dictionnaire chronologique du rock, un coffret de 4CDs qui bouscule les idées reçues et scrute avec acuité les évolutions stylistiques d’une forme d’expression dite révolutionnaire.

Longtemps, le rock’n’roll fut incarné par la flamboyance du « King », Elvis Presley. Cette facile représentation historique est aujourd’hui amendée par une meilleure connaissance des réalités américaines. Nul ne peut contester qu’un choc culturel eut lieu à l’aube des années 1950 quand le blues et la country-music dessinèrent les contours d’un vocabulaire sonore fédérateur et populaire. Le contexte social d’alors fut pourtant l’un des obstacles majeurs au vœu d’universalité du rock’n’roll. Comment pouvait-on accepter, dans une Amérique ségrégationniste, qu’un jeune chanteur blanc puisse interpréter des airs inspirés du répertoire noir ? C’est pourtant cette audace qui bouscula le conservatisme bien-pensant d’antan.

© AP - JAMES A. FINLEY
Chuck Berry se produit lors d'un concert pour célébrer son 60ᵉ anniversaire au Fox Theatre de St. Louis, Missouri, le 17 octobre 1986. Le concert est filmé pour un documentaire cinématographique intitulé «Chuck Berry Hail! Hail! Rock 'n' Roll.»

Certes, il fallut batailler ferme pour que les Chuck Berry, Little Richard, Bo Diddley, Fats Domino, soient reconnus, considérés, respectés, par l’ensemble des citoyens américains. Si la jeunesse semblait accepter et encourager cette poussée de fièvre inéluctable, le monde des adultes regardait d’un très mauvais œil cette irruption de trublions dont les danses dites « tribales » les indisposaient sérieusement. Nul ne pouvait cependant contrer cette aspiration à un épanouissement artistique total. Deux visions de la société américaine s’opposaient, deux reflets contradictoires qui interdisaient l’unité d’une nation autour de valeurs humaines indiscutables. Le racisme résistait depuis des siècles aux élans progressistes d’orateurs courageux, il était donc impensable, pour les plus radicaux, que la stabilité sociale et le mode de pensée réactionnaire percutent l’outrecuidante ferveur de quelques hurluberlus.

© Sylvain Pennec/Radio France
Bruno Blum en duplex de France Bleu Périgord.

Le rock’n’roll ne fut pas qu’un des nombreux soubresauts du XXe siècle aux États-Unis. Il modifia profondément la physionomie de la nation américaine et, par ricochet, fit avancer à l’échelle planétaire l’esprit de concorde et de communion. Plus qu’un genre musical, c’est une attitude, un esprit, des convictions qui animaient tous ces musiciens devenus des icônes. Dans son Dictionnaire chronologique du rock (Frémeaux & Associés), Bruno Blum ose même citer Ray Charles, Aretha Franklin et Bob Marley, parmi les promoteurs essentiels du rock. Il est vrai que tous ces piliers de L’épopée des Musiques Noires avaient en eux cette volonté farouche de rassembler plutôt que de diviser. Leur musicalité s’inscrivait dans la lente évolution des matrices idiomatiques africaines et européennes. Ce rappel utile prend une signification toute particulière quand le repli sur soi semble défier notre quotidien.

► Le Dictionnaire chronologique du rock, paru chez Frémeaux & Associés.