Entre cirque et hammam: Temenik Electric et Léonie Pernet

Léonie Pernet et Temenik Electric. © Estelle Hanania / Xavier Lours

Notre 1er invité est Mehdi Haddjeri.

Depuis 10 années, Temenik Electric brouille les pistes avec sa pop épique, son arabian-rock et ses transes électrorientales.

2 EP, 3 albums et 300 concerts plus tard, le groupe marseillais mené par Mehdi Haddjeri demeure toujours un combo affranchi des clichés et du prêt-à-penser. Une sensation rock qui se révèle davantage dans les brumes de son dernier opus.

Avec ce nouvel album, Temenik Electric va plus loin, ou plus proche, selon le point de vue, esquissant une géographie sonore à l’instar de ces quartiers nichés au cœur des mégalopoles, ces lacis de rues aux effluves familiers et étrangers à la fois, aux mélopées échappées de cours intérieures. Dans ces espaces-là, on est ici et un peu ailleurs aussi. Ce pourrait être Little Italy, Little Odessa, Little Spain ou Little Syria mais dans les vapeurs chaudes et l’air chargé en eucalyptus, Temenik Electric a balayé d’un revers la question communautaire pour explorer le monde de l’intime. Plongée dans le grand bain de Little Hammam.

 

© Laurence Aloir/RFI
Mehdi Haddjeri à RFI.

 

Titres joués, extraits de l’album Little Hammam

- M’Cha O Jet

- Manich Maleik voir le clip.

Je ne suis pas un ange est une chanson qui évoque le thème de la stigmatisation d'une catégorie de personnes.

Des personnes pour qui une attention, une main tendue, auraient sûrement modifié leur trajectoire de vie. Je ne suis pas un ange, mais je ne suis pas un monstre non plus.

Barkany

Chevalier

Temenik Electric à lire sur RFI Musique

 

Puis, nous recevons Léonie Pernet dans la #Session Live pour la sortie de son nouvel album Le Cirque de Consolation (InFiné).

 

© Laurence Aloir/RFI
Léonie Pernet et Jean-Sylvain Le Gouic à RFI.

 

Depuis 2018 et la sortie de son 1er album Crave, une chose semble certaine : il faudra désormais compter avec la multi-instrumentiste, chanteuse et productrice Léonie Pernet pour déconstruire la pop made in France, la métisser, la densifier, y ajouter sa touche de génie et son grain de mélancolie. Salué par la critique, Crave est porté sur scène par Léonie derrière sa batterie, son micro et ses synthétiseurs lors d’une tournée qui l’emmènera en France, en Angleterre, en Allemagne, à NYC et au Japon (2018-2019). En 2019, sort l’EP acoustique The Craving Tape ; elle commence à écrire son 2ème opus et compose dans le même temps de la musique de film (Un coeur d’or, de Simon Filliot, H24 Arte). Deux ans plus tard, épaulée par le réalisateur artistique et mixeur Jean-Sylvain Le Gouic (ex-membre du groupe Juvéniles), Léonie Pernet  donne naissance à l’exigeant Le Cirque de Consolation. Une utopie consolatoire, terre d’asile collective. C’est par ces mots que Léonie Pernet répond lorsqu’on lui demande quelle idée sous-tend ce lieu fictif dans lequel elle nous convie à la rejoindre, Le Cirque de Consolation. Léonie y lève le voile sur sa voix, plus émouvante que jamais, et nous offre des chansons aux textes racés et généreux. 11 titres dont 3 instrumentaux, dialoguant dans des directions aussi riches que variées. Percussions africaines, orientales, synthétiseurs, boîte à rythmes ou batterie ; Léonie mélange les genres et les instruments avec une aisance folle. D’Hard Billy, hymne révolté sous influence techno, aux Les Chants de Maldoror, chanson club et dansante portée par de fiévreuses derboukas, au bouleversant "À rebours" et sa bascule afro-électronique, en passant par le très accrocheur Il pleut des hommes sous influence gainsbourienne…

 

Léonie Pernet habite les frontières avec insolence et impose son style unique et singulier. La productrice interroge les liens qu’entretiennent la pop music, les cultures africaines et la musique électronique (Intérieur Négro), le néo-classique (Le Cirque de Consolation, Dandelion), ou encore la place de la voix, qu’elle soit humaine ou synthétique comme dans l’atmosphérique Vowel. La voix, car c’est en affirmant désormais la sienne que la jeune trentenaire nous dévoile ses failles, mais aussi sa "profonde espérance". La corporalité et le genre, l’addiction, le racisme, la friabilité de nos vies, mais aussi l’amour sont autant de thèmes qui parcourent le Cirque de Consolation et sa solaire mélancolie. Le Cirque de Consolation marque pour la chanteuse "une reconstruction individuelle, mais aussi l’espoir d’une reconstruction collective". Dans le titre éponyme, Léonie nous pose une question et nous chante une proposition que l’on devine essentielle à la poursuite de son chemin personnel et artistique : "M’entendrez-vous cette fois bercer dans la lueur nos illusions / Serez-vous parmi moi au sein du cirque de consolation ?"

 

© InFiné

Léonie Pernet a composé la musique originale de la série H24, diffusée sur ARTE et arte.tv. Inspirée de faits réels, "H24 - 24 heures" dans la vie d’une femme est une série manifeste qui rend compte des violences faites aux femmes au quotidien. Sur une idée originale de Nathalie Masduraud et Valérie Urrea qui réalisent ici leur première fiction, la série propose 24 films courts audacieux, d’après les textes de 24 autrices européennes, interprétés par 24 actrices d’exception.

 

Titres interprétés

- Mon Amour Tu Bois Trop, Live RFI voir le clip 

- Le Cirque de Consolation, extrait de l’album Le cirque de consolation

- Les Chants de Maldoror, Live RFI.

 

Musiciens

- Léonie Pernet, chant, percussions

- Jean-Sylvain Le Gouic, machines.

 

Son : Benoît Letirant, Mathias Taylor.