Spéciale 34e édition du festival Africolor du 18/11 au 24/12

Le festival nomade, Africolor, du 18 novembre au 24 décembre 2022. © Africolor

Pour cette 34e édition, nous recevons l’artiste montante du Mali Maïmouna Soumbounou, Vladimir Cagnolari et le directeur artistique Sébastien Lagrave. Maïmouna Soumbounou participera au traditionnel Noël mandingue du 24 décembre.

Pour parler d’Africolor, nous laissons la parole à Sébastien Lagrave avec son édito : la fabrique des monstres.

Le monstre c’est l’autre ; ce que la nature n’aurait pas dû produire, l’exception de l’espèce, le bizarre, le « freaky ». Entre l’Antiquité, où les géographes peuplaient l’Afrique de monstres, et le calvaire de la Vénus Hottentote au XIXe siècle, le récit de l’Afrique n’a cessé d’être une fabrique de la monstruosité. Aussi, en 2022, Africolor est résolument « monstrueux », rappelant à la scène des monstres sacrés tels le néo-ghanéen Stevie Wonder revisité par Fabrice Martinez, Moriba Koïta joué par son fils ou la résistante kabyle Lalla Fadhma N’Soumer, interprétée par Evelyne El Garby Klaï. Elle clôturera les Mercredis des indépendances, feuilleton autour des pères fondateurs présentés à la Marbrerie avec la complicité de Vladimir Cagnolari, qui retrouve aussi Binda Ngazolo pour une séance de photos de famille coloniales. Du côté des monstres customisés, on ne pouvait oublier la mégapôlistique Kinshasa avec la première francilienne des Kin’Gongolo Kiniata avant Jupiter et Okwess. Et c’est une Fatoumata Diawara taille patron(ne) qui invite les Go de Bamako, au milieu d’une édition aux plateaux « Grand Format » monstrueux : Fanmkika, Évry Femmes d’Espoir, Big in Jazz Collective, Peaux Bleues. Et, puisque les monstres se cachent aussi dans les plis de notre littérature, Ann O’Aro et Fanny Ménégoz font renaître l’inquiétant sourire de la Wouivre.

Délibérément hors cadre, cet Africolor 2022 est fait de chimères musicales et de gorgones sonores, réveillant la part du monstre vibrionnant qui sommeille en chacun.e de nous.

Qui est Maïmouna Soumbounou ?

Après un premier passage remarqué en France avec Vesko l’an dernier à Africolor, Maïmouna Soumbounou, l’étoile montante du Mali, revient réchauffer Montreuil de sa voix virtuose. Celle que l’on surnomme « Oumou Sangaré junior » a, en effet, l’étoffe des grandes divas et transporte dans sa voix les traditions ancestrales wassoulou en leur insufflant une vague de modernité à travers ses propres compositions. Un show made in Bamako à couper le souffle, de quoi enjailler une veillée de Noël.

Qui est Vladimir Cagnolari ?

Auteur, producteur radio, journaliste, Bal de l’Afrique Enchantée… Un Ambianceur de nos amis ! Il va animer les Mercredis des Indépendances.

Playlist

Sona Jobarteh Gambia voir le clip

Kora

Héritière d’une des plus grandes familles de griots d’Afrique de l’Ouest, Sona Jobarteh porte en elle des traditions musicales vieilles de sept siècles. Véritable enfant de la kora, qu’elle apprend auprès de son frère dès l’âge de quatre ans, c’est plus tard, à l’adolescence, qu’elle décide de s’y consacrer entièrement. Mais Sona, c’est aussi une voix qui s’enroule autour des 21 cordes et se pose sur la mélodie des accords. Sans jamais s’envoler bien loin de son héritage musical traditionnel, elle en explore avec modernité toutes les dimensions pour offrir un moment de grâce dont on saisit au vol les belles énergies qui se mélangent.

Maimouna Soumbounou Sini voir le clip 

Samba Peuzzi Tama voir le clip 

Rap

La pépite de la musique urbaine sénégalaise Samba Peuzzi est un ex-membre du Posey Gang. C’est dans le quartier de Diacksao à Dakar qu’il pratique ses premiers freestyles et concocte ses premiers clips homemade. Celui qui se fait appeler Ghetto Boy a toujours revendiqué ses racines du quartier, mais affiche aujourd’hui plus de 25 millions de vues sur les plateformes de streaming. Reconnu pour ses textes et son style unique, Samba Peuzzi, à seulement 25 ans, se fait une place de choix parmi les rappeurs du pays de Senghor et galvanise le public avec son flow implacable et ses clips acidulés. À l’occasion de la sortie de son deuxième album Senegal boy deluxe, en décembre 2021, la star sénégalaise 2.0 arrive pour ses premières dates en Europe.

Jocelyn Balu et Borumba Marie-Louise, voir le clip

Rumba congolaise - Création

La rumba coule dans les veines de Jocelyn Balu comme la Primus arrose le zinc des maquis de Kinshasa. À l’heure où, en 2021, la rumba vient d’être inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco, Jocelyn Balu et ses compères nous embarquent pour un voyage dans la fièvre du Kinshasa des années 40 à 70, à l’âge d’or de la rumba congolaise. Pour le plaisir de nos oreilles -et aussi pour faire onduler nos bassins- Borumba réinterprète les plus grands tubes, de Basi nionso tapale au refrain cultissime de Marie Louise, et rend hommage à ces pionniers incontournables qui ont bercé leur enfance.

Les Go de Bamako Baara

Girlsband 100% féminin - création Africolor 22 

Après sa création à Africolor en 2021, le tout premier girls band malien 100% féminin revient cette année : les Go de Bamako. Et comme tout music’s band réussi, les Go donnent de leur voix tout autant qu’elles nous offrent un show total, entre les Go de Kotéba et les Destiny’s Child, sans jamais rien lâcher. Cette recette parfaite s’agrémente d’une pincée de nouveauté, car pour la première fois au Mali, le groupe est accompagné d’un set électro balancé sur scène en live par DJ Majo et DJ Fantastik. Alors place aux Go qui reviennent pour élargir nos oreilles tout en nous laissant comme une envie fiévreuse de s’agiter et de reprendre en chœur des tubes inédits.

Mwezi WaQ

Musique comorienne – Création

Combo comorien, Mwezi WaQ., porté par la voix de Sœuf Elbadawi, repart sur les routes avec Le blues des sourds muets. Issu d’un pays où la musique a longtemps été le lieu de mémoire du peuple, Mwezi WaQ. a choisi de reprendre une tradition de parole brute, initiée par les Anciens. Une parole tout en rythmes, ancrée dans le quotidien et dans la langue du peuple comorien. Les six interprètes (guitares, violoncelle, percussions, chœurs et chant) se mettent au service d’un répertoire de mélodies, tantôt revisitées, tantôt inédites et solidement amarrées à leur modernité. Ils y parlent d’un archipel au destin fracassé, de la douleur des disparus et de l’exil, mais aussi d’une utopie collective où les forces du pouvoir s’inverseraient pour laisser place à une société plus humaine. Mwezi WaQ. délivre une musique poétique, tout droit venue des îles de la Lune (Comores), où le patrimoine est habilement revisité pour créer un pont entre le passé enfoui et l’espérance d’un monde meilleur.

Maimouna Soumbounou «Ne Ba» bio, voir plus haut.