#SessionLive entre Shakespearience et Chamanisme avec Senem Diyici et Mario Lucio

Mario Lucio (MDC) et Senem Diyici (Art District Music). © MDC / Art District Music

#SessionLive spéciale festival Au Fil Des Voix avec Senem Diyici (Turquie) Mario Lucio (Cap Vert) et Willy Robert (France et directeur du festival) pour la 16ème édition du 24 janvier au 11 février à Paris.

Le 1er invité de la #SessionLive est Mario Lucio. Cet ancien avocat, député, ministre de la Culture, chantre de la créolité cap-verdien a monté un des groupes-phares de l’archipel Simentera.

Après une pause musicale, il revient avec l’album Migrants (Shakespearience). Il sera accompagné par Willy Robert, directeur de la 16ème édition du festival Au Fil des Voix.

Migrants

La saga de l'humanité a commencé, il y a 65 000 ans, avec les premières migrations. Migrer est donc synonyme d'humanité. Nous venons tous du même point de départ. Cette épopée fantastique a formé ce que nous sommes aujourd’hui : des gens de différentes couleurs et caractéristiques habitant cette planète. Pourtant aujourd'hui, la migration, pour beaucoup, est synonyme de drame.

Migrants est le titre du nouvel album de Mario Lucio, un album à résonner au cœur de l'humanité, car il chante la beauté du parcours humain et chante la tristesse de ceux qui fuient la guerre, la persécution, la faim, la misère. Il fait appel à notre humanisme et rend hommage à ceux qui ont perdu la vie en tentant de traverser les mers et les terres au fil des siècles.

© Jorge Simao
Mario Lucio.

Cet album, le dixième de la carrière de l'artiste (depuis ses débuts avec Simentera jusqu’à Funanight sorti en 2019) est en soi un geste de migration, de rencontres. C'est la première œuvre discographique dont Mario Lucio, auteur/compositeur, confie les arrangements et la production musicale à un Européen, en l'occurrence le Portugais Rui Ferreira, musicien multi-instrumentiste de Porto. « Dans cet album, je voulais que mon âme soit lue par l'autre », dit Mario Lucio. La notion de métissage, de dialogue, d'harmonie entre les cultures est la devise de cet ouvrage, brisant les notions de frontières, de barrières linguistiques, de couleur, de religion ou de nation.

C'est aussi l'album le plus universel, bien qu'il ait enregistré avec des artistes tels que Milton Nascimento, Harry Belafonte, Pablo Milanes, Gilberto Gil, Cesaria Évora, Mayra Andrade, Toumani Diabate, Teresa Salgueiro, car dans ce travail Mario Lucio apporte de nouvelles sonorités à la musique du Cap-Vert, en gardant toujours son âme. « Cet album porte tout le Cap-Vert et l'Afrique, mais dialogue avec toutes les esthétiques musicales que les migrations ont rendues possibles », dit-il.

Mario Lucio avait pris quelques années de pause dans sa carrière musicale quand il est devenu ministre de la Culture du Cap-Vert. Aujourd’hui, il revient avec un album aussi universel que personnel. Il raconte son enfance à Tarrafal, ses voyages, sa pratique du bouddhisme et de la religion yoruba, ses réflexions sur la créolisation. Ses chansons racontent des expériences, des éclats, des aveux, des croyances, mais aussi partagent l’espoir, l’amitié. Avec Migrants, le Bob Dylan de la musique capverdienne, comme on l'appelle parfois, (ou Chico Buarque, pour d'autres) révèle tout son talent de poète et de compositeur.

© Edmond Sadaka
Mario Lucio à RFI.

 

Titres interprétés au Grand studio

- Ami Live RFI voir RFI Vidéos

- Migrants voir le clip 

- Tao voir RFI Vidéos.

 

Line Up : Mario Lucio, guitare-voix

Son : Jérémie Besset et Mathias Taylor.

► Album Migrants (MDC 2022).

 

Puis nous recevons l’artiste turque Senem Diyici pour la sortie du nouvel album Nara.

© Çerkes Karadağ
Senem Diyici.

C’est une voix unique qui perce le vent et les flammes. Cela faisait dix ans que Senem Diyici n’avait pas sorti d’album, depuis Dila Dila. Après une carrière foisonnante en France et des tournées à travers le monde, cette musicienne shamane, qui chante et enchante comme personne les ressources mélodiques de sa Turquie natale, revient avec un album envoûtant très personnel, pensé comme un ensemble de messages d’une femme au monde. Nara Nara, en turc, c’est le cri et le feu.

Un mot jailli à l’unisson du coeur battant de la femme Senem Diyici. Composé pendant la pandémie, entre Izmir et Istanbul, ce nouvel album s’enracine dans une terre de cultures millénaires et tisse le fil d’une histoire dont la musicienne est la conteuse. C’est d’ailleurs la signification de son nom : «Diyici», qui dit, qui raconte. Elle y chante la vie, celle des hommes et des femmes, la sienne, son enfance, ses émotions, ses passions, ses combats comme son amour pour cette terre de paradoxes, la nature tout entière, l’univers. À la fin des années 1980, avec son premier album, Takalar, elle est devenue l’une des voix les plus singulières de la World Music en réalisant aux côtés de jazzmen français une fusion du jazz rock et de la musique traditionnelle turque des plus originale, qu’elle a popularisée dans ses albums et les 60 concerts donnés par an au plus fort de son activité, jusque dans les villages, chez les gens, dans plus de 30 pays.

 

Explication des 3 titres que vous écouterez dans cette émission :

- BIR TUHAFLIK OLUYOR BANA / UN SENTIMENT ÉTRANGE : Chaque fois que je pense à mon enfance, ses bons et ses mauvais moments, je me revois avec ma jupe rose, mes chaussures rouges et noires, mes chaussettes blanches, le jardin de la maison familiale avec ses oliviers, ses mûriers, ses citronniers. L’hiver, l’été, c’était magnifique. J’ai voulu retrouver les sentiments de mon enfance, comme si je me revoyais enfant dans un miroir.

- OLMAYA GELDIM / JE SUIS VENUE POUR ÊTRE : Je parle d’une femme qui accepte enfin d’être elle-même, avec l’amour indispensable pour soi-même, qui a fait ses choix, et qui s’adresse aussi au divin, à une puissance divine. Je ne suis pas religieuse, mais je suis croyante. Nous sommes dans ce monde pour aimer et honorer la vie.

- RUHUN DANSI / LA DANSE DE L’ÂME : Je suis une shamane, je raconte ici comment on peut se libérer de ce qui pèse sur nous, ce qui nous enchaîne au passé, de la prison de nos soucis, de nos remords, de nos peurs. Et la mer, l’eau, nous aident à nous en libérer. Toujours aussi, il y a cette femme qui se révolte, crie et danse, elle montre le chemin.

© S. Diyici
Senem Diyici.

 

Titres interprétés au Grand studio

- Bir Tuhaflik Oluyor Bana Live RFI voir RFI 

- Olmaya Geldim, extrait de l’album Nara

- Ruhun Dansi Live RFI voir RFI Vidéos.

 

Line Up : Senem Diyici / voix, guimbarde et petites percussions ; Hamza Touré / saxophones ; Marius Gerin / basse ; Gabriel Gosse / guitare électrique.

Son : Jérémie Besset et Mathias Taylor.

► Album Nara (Art District Music / Socadisc 2023).