
De Mozart à Césaria Evora… C’est le RDV des 1001 musiques de RFI présenté par Laurence Aloir, avec des portraits, des entretiens, des sessions live au grand studio de RFI à Issy les Moulineaux et la tournée des festivals en son et en images qui bougent.
#SessionLive avec Bengue & Taïro
Ragga, sound system, balafon, trombone, Bengue et Taïro sont les invités de la #SessionLive. Taïro sort son 9è album 360 et Bengue démarre sa carrière avec un 1er album éponyme, une utopie musicale avec des auteurs « afropéens ».
Nos premiers invités s’appellent Bengue. Ils sont venus en quintet dans la #SessionLive.
Bengue, vu du Sud, c’est le Nord. À lui seul, ce mot qu’on entend souvent en Afrique de l’Ouest est synonyme d’Europe, et évoque les migrations qui ont porté les pas de ceux qui y cherchaient une vie meilleure. C’est à eux, et à leurs enfants de culture métissée, afropéens, que voulait rendre hommage Fidel Fourneyron, qui n’aime rien tant que faire voyager le jazz en le frottant aux musiques qui défient les oreilles d’ici, et aiguisent son appétit. C’est ainsi qu’il avait déjà arpenté, avec son gang d’amis jazzmen, les chemins de la santeria cubaine, incarnée par d’incroyables percussionnistes Havanais, sur l’excellent Que Vola ? (No Format, 2019).
Cette fois ci, à l’invitation du Festival Jazz sous les Pommiers où il poursuit une longue résidence, il allait se frotter aux musiques d’Afrique de l’Ouest, dans le même esprit de rencontre, de goût pour les croisements. L’idée : proposer à de jeunes et chevronné.e.s auteur.trice.s de la diaspora afro-caribéenne d’écrire des textes sur la migration, les exils, et faire entendre d’autres mots que ceux que les politiques européens exploitent comme autant de bombes à retardement. Lui se chargerait de les mettre en musique, où les musiciens originaires d’ici et d’ailleurs dialoguent dans une joyeuse curiosité. Le son du bois le fascinait, et les balafons des sœurs Ophélia et Mélissa Hié, perpétuant les riches traditions musicales burkinabè, se sont imposés à lui. Avec l’envie qu’ils rencontrent le marimba de Vassilena Serafinova, pour bâtir un pont des deux côtés de la Méditerranée, réunissant ainsi deux instruments liés par une lointaine et profonde parenté. Ce soubassement mélodique et rythmique lui offrait, dès lors, un terrain de jeu idéal pour instaurer une discussion avec son trombone, et installer un groove plus féminin dans sa sensibilité, plus solaire dans ses climats. Il allait l’associer à celui du contrebassiste et infatigable improvisateur Thibaud Soulas qui, autrefois, lui ouvrit les chemins de Cuba. Pour compléter l’équipage de ce vaisseau inédit, le violoniste Clément Janinet, qui a trempé son instrument dans les couleurs des cordes maliennes (écoutez plutôt Foyer), et la voix d’alto d’Emma Lamadji biberonnée au gospel, forgée aux rythmes de l’afrobeat, et tamisée par son compagnonnage chantant avec la diva malienne Oumou Sangaré. Autant le dire, cette réunion de personnalités musicales invitait en elle-même aux voyages, et Fidel Fourneyron, en capitaine sensible, allait en aiguillonner les possibilités.
Depuis sa création, La Chanson de Renart en forme d’opéra, le tromboniste a pris goût à travailler avec des auteurs, passeurs de mots, d’histoires et d’idéaux. Les textes de Bengue, chacun à leur manière, résonnent comme des appels qui propagent les douleurs, les joies et les espoirs des héritiers d’une longue et tortueuse histoire, que Fidel Fourneyron a habillés de couleurs et de climats singuliers avec cet orchestre tout aussi métissé que leurs auteurs. Qu’il s’agisse de Fiston Mwanza Mujilla (auteur, entre autres, de Tram 83 qui signe ici le détonnant Nous résisterons au déluge), de Penda Diouf dont il avait adoré le spectacle Pistes (on lui doit ici Mes pas sont des passerelles), ou encore du poète haïtien James Noël (Amwe), dont le travail poétique dans le recueil La migration des murs avait fait germer chez Fidel l’étincelle qui donna naissance à l’idée de Bengue. À ceux-là, s’ajoute le poème de Vhan Olsen Dombo (Kotiko Koko) qui, inspiré d’une comptine d’Afrique centrale, rejoint le rythme scandé qui fait la marque de fabrique de son auteur, ou la douceur nostalgique d’Ho’o lo signée du chanteur camerounais Blick Bassy. Sans oublier la science et la licence poétique de Djeudjoah (Foyer). La voix d’Emma Lamadji donne vie aux textes qui composent Bengue. Comme un alter ego du trombone, dont elle est le meilleur compagnon de jeu.
La chanteuse n’a d’ailleurs pas seulement prêté sa voix, puisqu’elle signe aussi les paroles des deux morceaux qui ouvrent et referment l’album. Ils font résonner la musique du sango de Centrafrique, sa langue maternelle, et I Goué Na Dawan – premier single à paraître- résume à merveille, dans ses derniers vers, l’esprit du disque tout entier.
Enfants dispersés de la vie,
Plus forts et unis,
« Personne » et multiples à la fois,
Nous sommes vos frères et sœurs.
Loin de chez nous,
Nous serons vos pères et mères
Nous sommes demain.
Bengue, c’est d’abord un voyage, un périple dans ses imaginaires qui ne demandent qu’à être partagés. Il ne vous reste plus qu’à vous laisser porter.
Titres interprétés au grand studio
- Molengue ti mawa Live RFI voir le clip
- Anmwé (texte de James Noël) Au secours
- I goué na dawan Live RFI voir le clip.
Line Up : Fidel Fourneyron, trombone et direction musicale ; Emma Lamadji, chant & percussions ; Thibaud Soulas, contrebasse & chant ; Melissa Hié & Ophélia Hié, percussions & chant.
Son Jérémie Besset & Mathias Taylor.
► album (No Format 2023)
- concert New Morning 28 mars 2023
- chaîne Youtube Fidel Fourneyron.
Puis nous recevons le reggaeman français Taïro pour la sortie de 360 volume 2.
Le chanteur producteur revient de nouveau sur le devant de la scène avec son 9e LP. Si son nom signifie l'apprenti, Taïro a posé les jalons d'une musique qui a su marquer ses époques. Celles des sound system ragga, de l'âge d'or du rap français, du reggae et plus récemment de la scène trap. Par-delà les générations, Taïro est entré pour de bon dans la bande originale des vies d'un public tout aussi composite que son univers.
Citoyen combattant, lover, redoutable entertainer, le nouvel album du chanteur tient encore une fois la promesse d'un son killer à consommer sans modération chez soi et en concert.
Si la production est toujours celle de son temps et que le talent et la sensibilité n'ont pas fléchi en chemin.
L'esprit libre, assuré et serein, Taïro déroule une playlist encore renouvelée. D'ondes caribéennes en ballade, de beats drill en contretemps jamaïcain, la production est résolument moderne, aérienne et terriblement efficace.
Titres interprétés au grand studio
- Crois en tes rêves Live RFI
- Fais-les bouger Feat. Amadou & Mariam voir le clip
- Eternal Love Live RFI voir le clip.
Line up : Taïro, chant, Kubix, guitare
Son : Fabien Mugneret & Mathias Taylor.
► album 360 (Frenchtown / Baco Records 2022)
Concert Olympia 25 mars 2023.