De Mozart à Césaria Evora… C’est le RDV des 1001 musiques de RFI présenté par Laurence Aloir, avec des portraits, des entretiens, des sessions live au grand studio de RFI à Issy les Moulineaux et la tournée des festivals en son et en images qui bougent.

Musiques du Monde, ça s’écoute et ça se regarde !
Si voulez voir nos vidéos, cliquez sur ce lien.

Réalisation : Laurent Salerno.

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 21h10, le dimanche à 02h10 et 21h10 et le lundi à 02h10. (Heures de paris)

#SessionLive avec Tinariwen et le grand retour de Malan Mané du Super Mama Djombo

Tinariwen à RFI. © Laurence Aloir/RFI

Tinariwen sort son 9ème album studio Amatssou (La peur), produit par le canadien Daniel lanois (U2, Peter Gabriel, Bob Dylan). Puis Malan Mané, artiste historique du Super Mama Djombo guinéen revient après une longue absence avec un nouvel album Fidjo di Lion.

© Wedge
Tinariwen.

 

Nos premiers invités viennent du Sahara : Tinariwen, qui signifie « déserts » sont dans la #SessionLive.

Depuis des décennies, les Tinariwen sont les ambassadeurs du peuple Touareg (Kel Tamashek), d'un mode de vie en harmonie avec la nature qui est plus que jamais menacée. Tout au long de leur neuvième album Amatssou, le légendaire collectif a entrepris d'explorer les sensibilités partagées entre leur blues du désert et la vibrante musique country de l'Amérique rurale. Enregistré à Djanet, une oasis dans le désert du sud de l'Algérie située dans le parc national du TassiliN'Ajjer, avec une production additionnelle de Daniel Lanois (Bob Dylan, U2, Emmylou Harris, Peter Gabriel, Willie Nelson), on retrouve dans Amatssou les lignes de guitare sinueuses et les grooves hypnotiques caractéristiques du groupe, qui cohabitent harmonieusement avec les banjos, violons et pedal steel.

Bien que la culture touareg soit aussi ancienne que celle de la Grèce ou de la Rome antiques, les chansons d'Amatssou parlent de la réalité actuelle et souvent difficile de la vie des Touaregs aujourd'hui. Sans surprise, on y trouve des références passionnées à l'agitation politique et sociale qui règne au Mali. Pleines d'allégories poétiques, les paroles appellent à l'unité et à la liberté. Il y a des chansons de lutte et de résistance avec des références obliques aux récents bouleversements politiques désespérés au Mali et au pouvoir croissant des salafistes. Le message de Tinariwen n'a jamais été aussi urgent et convaincant que sur Amatssou.

Tinariwen, le collectif touareg lauréat d'un Grammy, a entamé un marathon de 34 concerts à travers les États-Unis puis l’Europe.

© Laurence Aloir/RFI
Abdallah Ad Alhousseyni de Tinariwen à RFI.

Titres interprétés au grand studio : 

- Ezlan Live RFI 

 

- extraits 7 Nation Army White Stripes et Heavy Sun Daniel Lanois

- Arajghiyine, Tinariwen, extrait de l’album Amatssou

- Kek Alghalm Live RFI 

 

Line Up : Sanou Ag Ahmed, Elaga AG Ahmid, guitare, voix ; Abdallah Ad Alhousseyni, voix, guitare ; et Said Ag Ayad, djembe, calebasse, derbouka.

Son : Benoît Letirant & Mathias Taylor.

► Album Amatssou, La Peur (Wedge 2023).

© Wedge / Archieball

 

Puis nous recevons Malan Mané, la voix du Super Mama Djombo, qui fut la bande son des indépendances au Cap-Vert et en Guinée-Bissau. C’est en France que le monsieur vit depuis 1990. Fidju di Lion, son nouvel album sonne comme une résurrection et sort sur Archieball, le label du saxophoniste américain Archie Shepp. Il est accompagné par Samuel Thiébaut, producteur du film « Bissau, le retour d’une idole» (Oléo Films).

Disparu de la sphère musicale pendant des décennies, à tel point que certains le croyaient mort, le chanteur Malan Mané, voix incontournable du peuple de Guinée-Bissau au sein du groupe Super Mama Djombo, a enregistré début 2022 son premier album solo, à Lisbonne, aux célèbres studios Valentim de Carvalho, là même où furent gravés en 1979 les enregistrements historiques du groupe légendaire.

C’est l’histoire d’une résurrection. Un classique du monde de la musique, un conte de fées qui, après tant de maux, finit bien. Cette histoire, faite de hauts de débats, c’est celle de Antonio « Malan » Mané, né en 1956 à Buba, quand la Guinée-Bissau vivait encore sous le joug colonial du Portugal. Trois ans plus tard, le massacre de Pidjiguiti sera l’étincelle qui va déclencher l’inéluctable mouvement vers l’émancipation de tout un peuple, une libération menée par le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Grandi dans une famille de confession musulmane, le gamin haut comme trois mangues est très vite au contact avec ce parti, auquel il demeurera fidèle jusqu’au bout. Sur sa petite radio, son père écoutait les infos concernant le parti de libération, qu’Amilcar Cabral comptait mener à la victoire finale en 1974. En attendant, la famille déménage pour la capitale, Bissau, en 1969, et l’adolescent est alors tiraillé par deux passions : le foot et la musique. En bon fan du Cobiana Djazz, le mythique combo dont la bande-son boosta la rébellion, celui que l’on désigne d’un simple Malan, choisira son camp au moment de la proclamation d’indépendance, le 24 septembre 1973. Après quelques expériences, ce disciple du chanteur Laba Sosseh, la véritable étoile de Dakar, va rejoindre en 1975 le Mama Djombo, un groupe formé à la fin des années 1960 par de jeunes scouts guinéens, devenu « Super » depuis l’arrivée de Tundu, autodidacte sevré de Jimi Hendrix, et d’Atchouchi, compositeur en chef à la tonalité volontiers plus militante.

Mama Djombo, le symbole fait bon sens à l’heure post-coloniale : ce nom s’inspire d’un fameux fétiche qui protégea les rangs clairsemés de guérilleros, une simple poignée qui va grossir au fil du temps, guidés par Amilcar Cabral, lunettes cerclées et verbe acéré, assassiné avant même d’avoir vu son petit pays se libérer. C’est le début d’une nouvelle histoire, pour Malan et les siens, qui sont érigés en ambassadeurs culturels par le premier Président, Luis Cabral, qui les emmène plus d’une fois dans ses tournées en Afrique, puis les envoie au festival de la jeunesse à La Havane, dont témoigne le LP Festival paru dans la foulée. Le succès est au rendez-vous. La recette du Super Mama Djombo ? Un sens du collectif, chacun de la douzaine de membres ayant voix au chapitre, et un savant dosage entre musiques à danser et mélodies à pleurer, à l’image de l’imparable tournerie qu’est Dissan Na M’bera, et la ballade Julia, une histoire d’amour et de deuil. Leur répertoire convoque la diversité ethnique du pays, et sur cette foi fédérative, ils vont écrire en kryol local leur légende, panafricaine, chantant Sol mayor por commandante, deuxième hymne national à la gloire d’Amilcar Cabral, comme honorant le griot N’Famara Mané.

© Christophe Archambault/AFP
Malan Mané en répétition, à Paris, le 10 décembre 2021.

 

Titres joués :

Ami I Guineense (je suis Guinéen)

De Buba, chez moi, jusqu’à Bissau Sur le bateau LDG, un pélican m’a fait une confidence: « Quand tu seras à Bissau, dis à tous les gens que tu rencontreras : Peu importe que vous soyez catholiques ou musulmans Peu importe que vous soyez mandingues ou peuls ou balantes ou diolas Peu importe tout ça ! Seul compte ce que disent nos cartes d’identité : Je suis Guinéen, vous êtes Guinéens, tous nous sommes Guinéens ! »

- Dissan Na m’bera extrait Super Mama Djombo

- Fidju di Lion (fils du lion)

Une chanson sur l’héritage du père fondateur de l’indépendance, assassiné en 1973 par les Portugais : Amilcar Cabral, « le lion ». Où sont ses fils  ? Y en a-t-il un seul, parmi les hommes politiques d’aujourd’hui, qui puisse se permettre de revendiquer son héritage ? Quel est-il, celui qui un jour deviendra peut-être enfin « le Fils du lion ».

- Nelson Mandela Feat. Mamani Keita et Jupiter

- Recado (le message)

Ô notre Guinée Pères et mères je vous le demande  : Pourquoi avoir fait cette guerre autrefois si les camarades à présent tuent les camarades ?

► Album Fidju di Lion (Archieball / L’Autre Distribution 2023).

 À lire sur RFI Musique

« Bissau, le retour d’une idole» Tout Puissant Mama Djombo (Oléo Films).