De Mozart à Césaria Evora… C’est le RDV des 1001 musiques de RFI présenté par Laurence Aloir, avec des portraits, des entretiens, des sessions live au grand studio de RFI à Issy les Moulineaux et la tournée des festivals en son et en images qui bougent.

Musiques du Monde, ça s’écoute et ça se regarde !
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Réalisation : Laurent Salerno.

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 21h10, le dimanche à 02h10 et 21h10 et le lundi à 02h10. (Heures de paris)

Pop & jazz sophistiqués avec Pitou & Meta dans la #SessionLive

Pitou (V2 Records Benelux) et Meta (Emme). © V2 Records Benelux / Emme

Notre 1ère invitée se nomme Pitou. L’artiste hollandaise sort son 1er album Big Tear.

Pitou.

L’éveil de Pitou à la musique s’est produit de manière improbable. L’artiste néerlandaise se passionne dès son plus jeune âge pour la musique classique : son père la trouvait souvent accroupie devant la radio, faisant défiler les stations à la recherche d’orchestres et de chœurs. À 9 ans, Pitou commence à chanter dans une chorale d’enfants, et se produit rapidement sur scène, au baptême de Catharina Amalia, la princesse des Pays-Bas, et dans des salles de renom à travers l’Europe, comme le Berliner Philharmoniker et le Het Concertgebouw, à Amsterdam. « Chanter avec d’autres chanteurs, créer des harmonies ensemble, m’a fait me sentir comme jamais auparavant », dit-elle à propos de cette période. C’est un souvenir qui continue de l’inspirer. Big Tear, son très attendu premier album, est une collection riche et créative de pop indé qui puise dans sa formation classique : harmonies et structures de chansons inattendues, superposition de voix, boucles, mélodies nostalgiques et instruments classiques, tourbillonnant ensemble de manière élégante et intelligente. Nourri de son amour pour la musique classique et des années passées dans la chorale, le disque porte aussi la trace de sa propre progression, à la fois comme songwriter et comme interprète. « Pour mon premier album, je savais que je voulais m’éloigner de la guitare systématique, explique-t-elle. Je voulais aussi voir ce que ça fait de raconter les histoires de mes chansons sur scène avec seulement mon corps et ma voix, sans la contrainte physique de la guitare. » Désireuse d’aller vers d’autres univers sonores, elle a embrassé les possibilités créatives offertes par divers instruments comme le piano, la harpe, les synthés, et par l’utilisation de programmes informatiques pour construire et affiner sa musique : certains des morceaux ont été entièrement écrits au piano ou à l’aide de logiciels.

© Rayan Nohra
Pitou.

 

Pitou a ensuite transmis ses idées au batteur Mischa Porte et au percussionniste Frank Wienk (Binkbeats). Le trio a ainsi élaboré la structure rythmique des chansons. Produisant elle-même le disque, Pitou a également fait appel à une pléiade de musiciens pour ajouter diverses parties, au point d’enrichir les chansons « d’une manière, dit-elle, que je n’aurais pas pu prévoir à l’avance ». Les membres du groupe, Marc Alberto (saxophone), Lieke Heusinkveld (claviers) et Jasja Offermans (basse) ont également « ajouté tant de choses ». Après avoir donné une série de concerts avec l’ensemble baroque intitulé Baroque Orchestration X, Pitou a voulu les impliquer également. Le producteur PJ Maertens, qui a coproduit l’album, a aidé à enregistrer les instruments baroques et les cordes, jouées par le Sun Sun Sun String Orkestra, tandis que les harmonies vocales (« Rien ne me rend aussi heureuse, dit-elle, que des voix qui se mélangent, qui forment des accords ») ont été enregistrées chez elle, à Anvers, ce qui donne au disque un caractère intimiste et pudique. Tout cela a donné à ses chansons une vie propre, les faisant ressembler à un monde dans lequel on entre. En combinant des instruments classiques et des superpositions vocales, Pitou a créé des chansons neuves, – profondes, touchantes, évocatrices. C’est le cas de Big Tear, premier single et chanson titre de l’album. Ce qui était au départ une « très lente chanson à la guitare » s’est transformé en une merveille baroque, avec des harpes, des boucles, des cordes et un rythme volontairement calme. Ce sentiment de décalage s’étend au thème de la chanson. « C’est une fable, dit Pitou, qui s’adresse à l’enfant que j’étais. » Elle se souvient d’un moment de son enfance, apparemment banal mais formateur, où elle a rencontré un oiseau mourant dans la rue et a été submergée de tristesse tandis que la vie continuait tout autour. Elle évoque l’image d’un œil géant dans le ciel, versant une grosse larme sur cette scène, la larme engloutissant tranquillement tout et tout le monde. « C’est universel, comme elle dit, nous devons tous vivre avec la perte et le chagrin. » La déconstruction de ces thèmes universels est un motif fréquent dans son travail, et une source d’inspiration. Les précédents EP abordaient le doute de soi et le nouvel amour.

© Laurence Aloir/RFI
Pitou et Lieke Heusinkveld à RFI.

 

Big Tear s’attaque au moment présent (« Animal »), à la rupture (« Melody »), à la marche inexorable du temps (« Greed »). Chaque titre – à l’exception de « Big Tear  » – est constitué d’un seul mot, conçu pour sa force visuelle et comme une tentative d’atteindre ce que Pitou nomme « la pureté ou la simplicité. Quand on évoque des sujets importants et des thèmes difficiles, la simplicité est une très bonne amie. » Malgré l’importance de « Big Tear », le cœur de l’album est « Devote », et ce à plus d’un titre. « Être humain », résume-t-elle à propos de sa signification. « Les mots d’ouverture, – “Nous mourons tous lentement“We are all dying slowly »), c’est ce que nous faisons tous. » La chanson est également réglée sur le même temps que celui d’une horloge, – 60 BPM. « C’est le tempo exact auquel le temps nous traverse, confie-t-elle à propos de cette idée. Le tempo de la vie, en quelque sorte, ou du moins la façon dont nous autres humains mesurons notre vie dans le temps. » Abordant la recherche constante du bien dans le monde, « Devote » est comme un baume. « La chanson parle aussi de trouver la force dont on a besoin quand on sent que la recherche n’avance plus, pour faire demi-tour et retourner vers la lumière. Je vois cette chanson comme le mantra de Big Tear, une chanson à laquelle on revient, qui pourrait être chantée avant ou après chaque autre chanson. » Avec sa voix d’ange venue d’une autre dimension et son art hors du commun, Pitou est un phare dans la nuit.

© Laurence Aloir/RFI
Pitou et Lieke Heusinkveld à RFI.

 

► Titres interprétés au grand studio :

- Devote Live RFI

- Big Tear, extrait de l’album Big Tear voir le clip 

- Animal Live RFI voir le clip 

Line Up : Pitou Nicolaes, lead vocalist, acoustic guitar, Lieke Heusinkveld, keys, synth, synth bass, backing vocals + Claire Simon, traduction.

Son : Mathias Taylor, Benoît Letirant

► Album Big Tear (V2 Records Benelux).

 

© Emme
Meta.

 

Puis nous recevons Meta pour la sortie de son nouvel album Cross Road.

Meta est un artiste inclassable et c’est sans nul doute, ce qui fait sa force. Son cinquième album Cross Road vient nous rappeler l’univers très original de ce musicien contemporain et universel. Ce disque est clairement dans l’air du temps. Il donne la sensation de traverser des Metavers qui n’en finisse pas de se multiplier. Tout en gardant ce fil, tendu avec souplesse, qui se déroule de titres en titres. Léonardo Montana – piano, Pierre-François-Titi Dufour – violoncelle et batterie et Simon Tailleu – contrebasse, viennent enrichir la palette ultra-éclectique de Meta.

 

© Laurence Aloir/RFI
Meta à RFI.

 

Formé comme batteur au centre musical et créatif de Nancy, il s’installe dans la capitale du jazz européen en 1996 à l’appel de François Moutin. Dès lors, on le retrouve sur l’album Init du trio André Ceccarelli/N’Guyen Lê/Bob Berg, puis au sein de Bad Elephant, avec Daniel Casimir, Louis Moutin, Linley Marthe et Michael Felberbaum. Depuis 1996, le chanteur-percussionniste s’est illustré dans de multiples contextes, sans gommer sa singularité. La liste est longue de ses participations dont il a toujours su tirer parti pour peaufiner sa propre vision des choses. « La leçon du plaisir... », résume celui qui s’affirme aussi en leader. Il publie deux disques sous son seul surnom : Secret History en 2003 et Epigram en 2008. En 2013, il reconduit la même équipe pour son troisième album, The Sweetness of a Saffron Wind, dont le titre fait écho à ses origines « africaines ». Son nouvel album s’appelle Cross Road.

► Titres interprétés au grand studio :

- You never know Live RFI

- In the Crowd, extrait de l’album Cross Road voir le clip

- The Land of Yaka Live RFI.

© Laurence Aloir/RFI
Meta et Damien Varaillon à RFI.

 

Line Up : Meta, piano, voix, udu. Damien Varaillon, contrebasse. 

Son : Benoît Letirant, Mathias Taylor.

Voir le clip The Blessing.

► Album Cross Road (Emme 2022)