
De Mozart à Césaria Evora… C’est le RDV des 1001 musiques de RFI présenté par Laurence Aloir, avec des portraits, des entretiens, des sessions live au grand studio de RFI à Issy les Moulineaux et la tournée des festivals en son et en images qui bougent.
Musiques du Monde, ça s’écoute et ça se regarde !
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Réalisation : Laurent Salerno.
Le samedi vers toutes cibles à 21h10, le dimanche à 02h10 et 21h10 et le lundi à 02h10. (Heures de paris)
#SessionLive Chouk Bwa & The Ångströmers et Yilian Canizares
#SessionLive Cap Caraïbes avec un groupe de Gonaïves (Haïti) Chouk Bwa qui fait route commune avec le duo électro belge The Angströmers et la violoniste cubaine Yilian Canizares.
Suite au succès de leur 1er album collaboratif Vodou Alé (2020) Chouk Bwa & The Ångströmers, sortent leur 2è album intitulé Somanti. Cette réunion mêle les puissants rituels vaudou d’Haïti à une musique électronique et du dub captivant. Les 2 groupes proviennent de traditions très différentes. Chouk Bwa est originaire de Gonaïves, berceau du vaudou haïtien et lieu de naissance de l’indépendance du pays. Leur mizik rasin (musiques racine) est imprégnée de la spiritualité profonde des temples lakou, de l’histoire révolutionnaire de leur ville natale et de l’héritage africain de son peuple. Le duo basé à Bruxelles, The Ångströmers, canalise sa passion pour la musique concrète, le dub, le hardcore et l’industriel, ainsi que sa connaissance experte de toutes sortes d’équipements électroniques analogiques. Les 2 groupes sont unis par leur capacité à plonger leurs auditeurs dans une transe extatique.
Alors que Vodou Alé se concentrait sur de nouvelles compositions et des chansons narratives, Somanti est un album de rituel. La plupart des morceaux sont basés sur une musique cérémonielle avec des paroles traditionnelles révélant des proverbes sages. Il est important pour les musiciens de préserver la complexité et la solennité de l’aspect religieux.
La musique de Chouk Bwa est entièrement acoustique : c’est le son du bois, de la peau, du métal, de la corne et de la voix humaine chantant en créole haïtien. Cette musique renferme de forts souvenirs culturels et des rythmes, avec ses invocations des terres ancestrales – les royaumes africains d’Oyo, du Kongo et du Dahomey – et les proclamations tonitruantes des esprits vodou transcontinentaux de Legba, Ogou et Inan. Il y a de la joie dans les chansons, mais aussi un côté plus sombre, une rage empathique témoignant de l’injustice et plaidant en faveur des pauvres du monde.
Titres interprétés au grand studio :
- Fey Nan Bwa Live RFI RFI Vidéos
- Sala, extrait de l’album Somanti
- Somanti Live RFI RFI Vidéos
Line Up : Maloune Prevaly, chanteuse, Jean Rigaud Aimable, tambour, choeur, Frédéric Alstadt, électro, Nicolas Esterle, électro, Gomez Henris, lead chant, tambour, fer, Sadrack Merzier, tambour, choeur.
Son : Mathias Taylor et Benoît Letirant.
► Album Somanti (Les Disques Bongo Joe / L’Autre Distribution 2023).
Concert 5 novembre 2023, Aubervilliers, Villes des Musiques du Monde.
Puis nous recevons la violoniste cubaine Yilian Canizares pour la sortie de son nouvel album Habana-Bahia.
Yilian Cañizares poursuit son tour du monde des africanités en exil. En 2019, pour graver l’album Erzulie, elle s’était installée à la Nouvelle-Orléans ; elle y avait retrouvé les mémoires vives de la créolité, du vaudou haïtien, du jazz cosmopolite et du funk sudiste. Aujourd’hui, pour Habana-Bahia, elle choisit une autre capitale des identités noires: Salvador de Bahia, et surtout un quartier en particulier, Candeal, qui concentre toute l’électricité d’une métropole, ses esprits et ses tambours. Candeal ressemble aux zones franches, aux outre-mondes décrits dans les livres de Jorge Amado. Les immenses fresques de graffiti dessinent sur les murs des épopées modernes, les orchestres du bloco afro tapissent l’espace sonore. Et l’âme incandescente du musicien Carlinhos Brown veille sur ces rues qui abritent un épicentre culturel. Yilian a demandé à un très proche de Brown d’assurer la direction musicale de l’album : Alê Siqueira. Alê Siqueira a non seulement obtenu un Grammy Award pour les architectures musicales qu’il a bâties dans l’album Tribalistas. Mais il a aussi façonné des univers pour Tom Zé, Chico César, Caetano Veloso et la scène internationale, de Cheikh Lô à Omara Portuondo. Ce que Yilian Canizares cherchait en lui, c’est la maîtrise absolue des textures bahianaises mais aussi une vision contemporaine, des racines et des ailes.
Ce n’est pas la route des esclaves que Yilian emprunte dans son œuvre de retour aux sources ; c’est celle des divinités. Quand elle était petite, au centre-ville de La Havane, Yilian devait lisser ses cheveux, masquer toute trace de négritude. En grandissant, elle a renoué avec sa part africaine dans les temples de la Regla de Ocha, parmi des saints qui ont voyagé à fond de cale, dans toutes les colonies, de Cuba aux États-Unis, d’Haïti au Brésil. Un jour, Yilian Cañizares a découvert qu’elle était protégée par un esprit féminin, vêtu d’or, un esprit parfumé, de fleurs et de beauté, qui porte le nom d’une petite rivière au cœur du Nigeria : Oshun.
La musique de cette chanteuse, violoniste formée à l’école classique, de cette femme qui danse et pense le monde, cette musique est une odyssée à la recherche des traces qu’Oshun a laissées sur toutes les terres où elle a été dispersée. Forcément, Habana-Bahia est une étape clé de ce périple au pays imaginaire des dieux qu’on appelle Orishas. Il ne s’agit pas pour Yillian de singer les rythmes du Nordeste brésilien, elle ne joue pas les couleurs locales, mais elle enquête plus profondément encore sur tous les accents que la culture du peuple yoruba a pris dans ses transports transatlantiques. Et les prières antiques qu’elle chante sont des exorcismes qui substituent à la tragédie de la déportation le pouvoir de la résistance. Pour ce segment, Yilian Cañizares voyage encore avec ses compagnons de longue date, le bassiste mozambicain Childo Tomás et le percussionniste cubain Inor Sotolongo, deux marins d’eaux agitées qui sont pour cette musique une imperturbable colonne vertébrale. Ils offrent à Yilian une base solide, une rampe de lancement pour que les Brésiliens, les voix, les guitares, les peaux tendues, tous ces hôtes de Candeal puissent multiplier les pistes, sans que jamais cette musique ne ressemble à une auberge espagnole. Et pourtant, ce disque est un festin. Il s’ouvre par le timbre sans âge des lavandières mystiques d’Itapuã qui bénissent le nom de « Oxum » —tel qu’on l’orthographie là-bas. Il déploie des souls salées, des rocks filtrés, des tropicalismes du siècle nouveau. Il mêle des voix d’ici et d’ailleurs, des duos par-delà les mers, de l’espagnol et du brésilien. Yilian Cañizares chante sa vraie nature volatile, elle réconcilie l’espace et le temps, les hommes et les dieux.
Titres Interprétés au grand studio :
- Bembé Live RFI voir le clip
- Oxum (radio edit) voir le clip
- Habana Bahia Live RFI voir le clip.
Son : Benoît Letirant, Mathias Taylor.
► Album Habana-Bahia (Absilone 2023).
Concert Paris 8 novembre 2023, Café de la Danse.