De Mozart à Césaria Evora… C’est le RDV des 1001 musiques de RFI présenté par Laurence Aloir, avec des portraits, des entretiens, des sessions live au grand studio de RFI à Issy les Moulineaux et la tournée des festivals en son et en images qui bougent.

Musiques du Monde, ça s’écoute et ça se regarde !
Si voulez voir nos vidéos, cliquez sur ce lien.

Réalisation : Laurent Salerno.

 

Horaires

Le samedi vers toutes cibles à 21h10, le dimanche à 02h10 et 21h10 et le lundi à 02h10. (Heures de paris)

Une histoire de Lou Reed et #SessionLive de Clara Ysé

Lou Reed (RCA) et Clara Ysé (photo Olivier Metzger). © RCA / Olivier Metzger

Spéciale Lou Reed, prince des angoisses et de la nuit (Andy Warhol) à l’occasion des 10 ans de sa disparition et Clara Ysé dans la #SessionLive pour la sortie du 1er album Oceano Nox.

Sophian Fanen évoque la carrière de Lou Reed, né le 2 mars 1942, à Brooklyn (New York) et mort le 27 octobre 2013 à East Hampton (Long Island, New York). L’auteur-compositeur-interprète américain  a commencé sa carrière avec le groupe The Velvet Underground, groupe résident de la Factory, un atelier d’artistes créé par Andy Warhol en 1964.

© ® Lisa Law
Lou Reed, 1966.

 

Bio officielle Universal

Inventeur du rock adulte des années 1970 avec The Velvet Underground, Lou Reed reste l'auteur d'une carrière en solo unique. Sorti de l'ombre avec l'album Transformer et le hit « Walk on the Wild Side » en 1972, le rocker new-yorkais s'attache au fil des albums à dessiner les contours d'un rock urbain. Après le majeur et déprimant Berlin (1973), le porte-parole des marginaux poursuit une carrière cahotique, alternant le meilleur (Rock'N'Roll Animal) et l'expérimental (Metal Machine Music). En 1989, sort l'ode définitive à sa ville (New York) et l'année suivante avec son ex-partenaire John Cale, l'ultime hommage à son mentor Andy Warhol (Songs for Drella). Par la suite, le mari de Laurie Anderson flirte avec les expérimentations au hasard de The Raven ou du projet Lulu, avec le groupe Metallica (2011). Sa disparition, quelques mois après une greffe du foie, le 27 octobre 2013, cause un grand émoi et laisse un vide immense.

Titres Lou Reed

- The Velvet Underground, Pale Blue Eyes, tiré de l'album The Velvet Underground (MGM Records, 1969) audio 

- Satellite of Love, tiré de l'album Transformer (RCA Victor, 1972) vidéo 

- Sad Song, tiré de l'album Berlin (RCA Victor, 1973) vidéo 

- Charley's Girl, tiré de l'album Coney Island Baby (RCA Victor, 1976)

- Street Hassle, tiré de l'album Street Hassle (Arista, 1978) vidéo.

 

© Laurence Aloir/RFI
Clara Ysé et Ingrid Samitier à RFI.

 

Puis la #SessionLive reçoit Clara Ysé pour la sortie de son 1er album Oceano Nox

Clara Ysé. C’est, d’emblée, une voix. Une voix qui soulève le sable, traverse le feu, transperce la nuit, franchit en souveraine des continents de sentiments et transporte avec elle la douleur autant que ses remèdes. Elle est ce « joyau intact sous le désastre » de Mallarmé, pierre brute inamovible malgré le chaos, miraculeux talisman resplendissant sur des musiques elles aussi serties de beauté et de bravoure. Après un discret tour de piste en 2018 – six titres en français et en espagnol, dont le magnétique Le Monde s’est dédoublé – Clara Ysé s’avance enfin en pleine lumière, à pleine puissance, avec Oceano Nox, premier album à la grande audace, écrit et composé par elle, co-réalisé avec Ambroise Willaume (Sage), mixé par Renaud Letang et porté en battante avec des musiciens et un chœur au diapason.

Depuis l’enfance, elle joue et chante, un violon entre les mains alors qu’elle savait à peine marcher, puis éduquée au chant à huit ans, avant de grandir en soprano et de tracer une route parallèle vers la chanson à ses études au Conservatoire et à son master de Philosophie. Parvenue à l’entrée de la trentaine, Clara Ysé possède ainsi derrière elle une longue traîne d’expériences et de sensations mêlées, de plaisirs sédentaires à mettre des poèmes en musique, mais aussi de voyages et de mariages artistiques qui imprègnent désormais son art incandescent et troublant. Frappée par un drame, il y a quelques années, c’est en Amazone qu’elle réapparait, au galop contre l’emprise du deuil, qu’elle sait chanter sans démonstration (Lettre à M) et dont elle s’effeuille du poids avec la légèreté d’une luciole (La maison). À ceux qui seraient frappés par sa douceur, elle répond, dans la chanson qui porte ce nom « Si tu savais la haine qui coule dans mes veines, tu aurais peur, si tu savais la chienne que je cache à l’intérieur… ».

© Olivier Metzger

 

Passionnelle comme les aïeuls espagnols qui la précèdent, littéraire par atavisme (elle doit l’Ysé de son double prénom au Partage de Midi de Claudel), elle a publié un premier roman ardent, Mise à feu (Grasset, 2021), avant le grand embrasement de cet album qui démarre lui aussi tout feu tout flamme (Pyromanes). Longtemps, Clara Ysé a laissé la musique en liberté, sans la capturer dans un studio, chantant partout où elle le pouvait et organisant des fêtes qui terminaient invariablement en impros musicales, à l’aube. Les chœurs de Pyromanes ou de Souveraines viennent de là, voix de femmes et d’hommes qui l’accompagnent depuis toujours, et certains des musiciens – joueur de duduk, cuivres ivres ou violoncelle tisseur de songes - ont également vécu ces partages de minuit. Observer un père peintre, suivre la métamorphose de ses toiles qui partaient toujours du point le plus sombre pour mieux laisser jaillir la clarté, l’a inspirée une fois qu’elle s’est mise à composer ses chansons, cherchant à déployer musicalement cette même ascension chromatique. Elle a aussi beaucoup voyagé, emprunté au réalisme magique de la littérature mexicaine ou colombienne ses ensorcellements (Magicienne, Le désert) et ses envolées oniriques, qu’elle a su parfaitement retranscrire en musique (Cœur indompté). Ce premier album est d’abord celui d’une désirante, d’une « obsessionnelle de la réparation », dit-elle, qui a choisi comme plongée heureuse la lumière féroce des profondeurs, la vitalité des grandes traversées de nuit, l’étourdissement des émotions intenses, la vie aux lisières de la transe.

Elle aime les novateurs, de Rosalia à Björk en passant par Kendrick Lamar, les chanteuses qui allient fragilité et force comme Lole Montoya, Janis Joplin, Mercedes Sosa, Nina Hagen, autant que la musique baroque et la liturgie extatique des chants grégoriens. Elle confronte sa voix à une modernité novatrice, guidée par son obsession de la recherche et son goût de la transgression, jouant autant avec ses producteurs à introduire des synthés aux textures irisantes, des rythmiques électroniques empruntant au reggaeton, qu’à s’approprier certains codes du Rébétiko grec qu’elle aime tant. Avec le feu, l’eau est son autre élément, celui de la tourmente comme de l’apaisement, et en empruntant à L’Enéide de Virgile, le titre de son album (« et ruit Oceano Nox », « et la nuit s’élance de l’océan »), déjà repris par Victor Hugo dans un poème dédié aux marins disparus, elle sait qu’hisser les voiles, comme elle chante dans l’accrocheur L’étoile, est aussi un geste d’amour fou, à en perdre l’équilibre et la raison. Vulnérable mais puissante, solide comme le granit et pourtant insaisissable, elle pénètre dans la chanson française avec l’éclat et la classe des grandes conquérantes. La suivre sera incontournable.

► Titres interprétés au grand studio :

- Douce Live RFI vidéos 

- Pyromanes, extrait de l’album Oceano Nox vidéo 

- Magicienne Live RFI vidéos.

© Taguy M'Fah Traoré/RFI
Clara Ysé, Ingrid Samitier et Laurence Aloir à RFI.

 

Line Up : Clara Ysé, guitare, voix, Ingrid Samitier, guitare.

Son : Mathias Taylor, Benoît Letirant.

► Album Oceano Nox (Tôt ou Tard 2023).