Naïssam Jalal, flutiste de l'espoir
Deux ans après un premier album, Naïssam Jalal revient en force avec Almot Wala Almazala. Enregistré avec son quintet Rhythms of Resistance, cet opus poignant rend hommage aux martyrs de la révolution syrienne. Jazz, musiques improvisées et Orient, la flutiste franco-syrienne assimile tous les langages. Pour l’occasion, l’instrumentiste se produit sur la scène du Théâtre des Bergeries, à Noisy-le-Sec près de Paris dans le cadre du festival Africolor le 29 novembre.
« La mort plutôt que l’humiliation », tel est le titre traduit de l’arabe littéraire Almot Wala Almazala du deuxième album de Naïssam Jalal. Une phrase forte qui montre l’engagement de la flutiste franco-syrienne. « Au début de la révolution syrienne en 2011, les gens criaient ce slogan lorsqu’ils descendaient dans les rues. Ils portaient des fleurs, il y avait des snipeurs aux fenêtres. Ils savaient pertinemment que le prix à payer pour la liberté, c’était la mort. Ils savaient que la répression serait sanglante. J’ai trouvé que leur courage était vraiment exemplaire, donc ce disque est une façon de rendre hommage aux martyrs de la révolution », précise l’artiste.
En colère, pétrie de douleur, Naïssam se veut tout de même pleine d’espoir avec cet album instrumental. À la frontière du jazz, des musiques improvisées et des colorations orientales, il reflète parfaitement l’identité artistique de la jeune femme. Dans son processus de création, l’artiste propose des compositions parfois complètement écrites qui sont très intimes. Résultat : sa formation suit la matrice musicale sans dévier le propos. Par contre, sur certaines pièces comme Dar Beida, qui évoque la diversité culturelle, la place à l’improvisation est ouverte. Quelque que soit l’approche d’interprétation, chaque morceau forme une mini suite. Une suite d’histoire mais aussi des prises de position politique. Exemple : le titre C4- Hob wa harb raconte une histoire d’amour entre deux personnes distantes à cause de la guerre. Ain Jalout narre la naissance au Moyen-Âge de l’Empire mamelouk d’origine turque (NDLR : en arabe mamluk signifie « possédé »). Avec sa flute traversière, la militante souffle sa rage mais sait aussi jouer sur les nuances. Pour la flutiste, le silence est très important : « en Syrie et au Caire, j’ai eu l’occasion d’écouter des musiques religieuses et plus particulièrement la récitation des versets du coran ce qu’on appelle les Tajwid. Dans cette cantillation des sourates, il y a une force du silence incroyable ! On ne sait plus si le prêcheur chante pour chanter ou pour faire sonner le silence ». Ce n’est donc pas un hasard si sur la partition de Almot Wala Almazala se trouve un grand silence qui incite à la méditation.
Pour transmettre ces sentiments, l’instrumentiste a conservé pratiquement le même quintet métissé Rhythms of Resistance de son premier enregistrement. La batterie très jazzistique est partagée entre le Guadeloupéen Arnaud Dolmen et l’Italien Francesco Pastacaldi selon les plages. La guitare et le violoncelle sont joués par l’Allemand Karsten Hochapfel aux doigtés amplement contemporains. Les saxophones (ténor et soprano) et les percussions sont tenus de main-de-maître par le franco-marocain Mehdi Chaïb. Enfin, la contrebasse est confiée au Hongrois Matyas Szandai sur l’enregistrement, tandis que sur scène c’est le Français Zacharie Abraham. Tout ce beau petit monde est à voir en spectacle pour prendre la teneur de cette création puissante et humaine. À l’occasion de la sortie de ce nouvel opus, Naïssam Jalal est en concert parisien le 23 février au Studio de L’Ermitage. Un spectacle inédit avec des invités remarquables : Mamani Keïta, cantatrice malienne et Osloob, rappeur palestinien. Une alchimie sonore improbable dans laquelle chacun trouve sa place…
Almot Wala Almazala (Les couleurs du son/L’autre distribution/Editions Rfi Talent-Métisse Music/CDS 238925)
Booking : Tour'n'sol Prod - Presse : Marc Chonier
Site de Naïssam Jalal - Page Facebook
Écouter "Almot wala almazala" de Naïssam Jalal & Rhythms of Resistance :
Voir Naïssam Jalal & Rhythms of Resistance en concert à la Dynamo :