Les Frères Smith, porte-étendards de l’Afrikanbeat
Depuis plus de deux décennies, l’afro brass band français sévit avec son afrobeat nigérian tonitruant ! Rassemblant dix frangins et une frangine, Swala Emati, les Frères Smith sont de retour avec Mutation. Un troisième album concocté lentement avec un invité de marque Seun Kuti sur le titre No Waiting. Rencontre avec Fab Smith au sax ténor «capitaine» de ce collectif bigarré.
RFI Musique : Les Frères Smith signent aujourd’hui un troisième album intitulé Mutation. Avec ce titre, est-ce que cela veut dire que votre afro brass band a muté pour ce nouveau disque?
Fab Smith : nous sommes un collectif familial fondé il y a plus de vingt ans. Chaque album est comme un nouveau cycle qui commence (ou recommence). Avec Mutation nous avons voulu illustrer cette idée d’évolution permanente tout en célébrant les changements dans nos vies individuelles et collectives.
Musicalement vous définissez votre style comme Afrikanbeat. Un mélange urbain d’afrobeat nigérian, d’highlife du Ghana, de soul, de jazz… Comment s’est construit cette esthétique plurielle?
Notre musique est à l’image de ce que nous sommes. Elle est multiple et cuisinée avec amour. Guidés par l’esprit de Fela (créateur de l’afrobeat nigérian décédé en 1997, ndlr), nous mélangeons les ingrédients qui nous inspirent que l’on trouve par ci par là. Notre but: offrir un voyage des sens dans «la trance (smith-ion)» chère à la musique africaine. Il n’y a pas de compositeur attitré chez les Smith. C’est une alchimie collective, artistique, humaine qui est engagée avant tout et simplement citoyenne!
Coté texte, vous abordez des thèmes engagés contre le capitalisme, pour l’environnement, la corruption… Ce sont des combats universels mais qui, sur le continent africain, prennent peut-être une dimension plus importante? Pouvez-vous nous expliquer comment le choix des sujets s’effectue chez les Frères Smith?
Nos messages en français, en anglais et en arabe, comme nos musiques, sont à l’image du monde dans lequel nous vivons. En tant qu'artistes, nous sommes les témoins de ces mutations de nos sociétés. Notre chanteuse et nos chanteurs s’en inspirent largement. Swala Emati Smith est dans une exploration personnelle et poétique liée à l'affirmation et l'expression du soi. Sa démarche a été progressive. Cela correspond aussi à la place qu’elle s’est autorisée à prendre petit à petit au sein du groupe. Prosper Smith, pour sa part, est plus conteur, témoin et militant pour un monde meilleur. Avec Abdul, leader du groupe français Abdul & The Gang, nous célébrons cet esprit fraternel qui nous unit depuis plus de deux décennies. Sur le titre Arouahhh («viens») où il est invité, cet artiste propose un mariage festif de musique gnawa et mandingue.
Sur le titre No waiting qui a reçu le prix du meilleur audio à l’occasion de la campagne de sensibilisation lancée par l’Unesco depuis l’apparition du Covid 19, il y a un invité de marque, Seun Kuti. Comment s’est fait la connexion avec ce musicien?
La rencontre avec Seun a été fraternelle et humainement simple. La vie quoi !!! Tout le monde connait son engagement pour un équilibre humain plus juste. Nous avons plein de points en commun. Nous nous retrouvons sur énormément de sujets. Notre collaboration a vu le jour de façon très naturelle. Nous avons un crédo pour des lendemains meilleurs: levons nous ensemble et replaçons l’humain au centre du débat!
Vous êtes un peu le «capitaine» de cette équipe de "rugby" cuivrée. Est-ce facile la gestion de onze personnes que ce soit en studio ou en tournée?
Nous vivons entre humains dans la plus simple expression. Chez nous, le vivre ensemble est primordial. Chacun(e) est investi dans cet équilibre collectif que nous avons créé collectivement. Nous y avons tous notre rôle. Toujours plus loin, toujours plus forts ensemble !!!
Mutation CD digipack et double LP vinyl Gadefold (Amour & Son/RFI Talent/L’Autre distribution) 2020
