Les aventures américaines de Kandiafa

Kandiafa. © Sans Commentaire

Kandiafa, joueur de djeli ngoni aux influences très américaines, ressort son premier album. Rebaptisé Planting Trees, ce disque a le droit à une nouvelle jeunesse 10 ans après une confection dans l’urgence d’une tournée canadienne.

En 2009, Lewis Melville, accompagné des Woodchoppers, débarque au Mali. Ils viennent pour enregistrer avec des artistes locaux, dont le joueur de kora Mansa Sissoko. Grâce à ce dernier, ils rencontrent le jeune Abdoulaye Koné aka Kandiafa. À ce moment, le jeune musicien avait déjà quelques expériences. "J’avais joué avec des musiciens maliens, j’avais aussi joué sur un album de Tiken Jah Fakoly et en 2006, j’avais accompagné Vieux Farka Touré en Angleterre", raconte-t-il. Avec son style particulier au djeli ngoni qu'il a travaillé aux côtés de ses aînés, il attire l'attention de ces Canadiens arrivés à Bamako.

Des influences blues et country

Kandiafa et Lewis Melville créent Djiri ni Tourou, qui est un véritable mélange de jazz, de blues et de musique mandingue de plus d’une heure. Les banjos, les guitares et le violon côtoient le djeli ngoni et la kora dans un métissage parfois chaotique, mais puissant. Le disque est fait dans l’urgence entre le Mali et le Canada, car une série de concerts attend le groupe et Kandiafa en Amérique.

Le jeune malien part de l’autre côté de l’Atlantique et tourne avec les Woodchoppers et Lewis Melville pendant plusieurs mois. Cette expérience le marque profondément. Pour lui, c'est l’occasion d'en apprendre plus sur la musique nord-américaine: le blues avec des artistes qui l’inspire encore comme Tony Rice, mais surtout la country. Un style qui se prête particulièrement bien au djeli ngoni, proche du banjo.

Il va d’ailleurs s’essayer à un mélange entre la tradition mandingue et country: le résultat est son deuxième album Mali Country sorti en 2019. Les deux univers collent très bien notamment grâce au style de Kandiafa très libre. Vincent Dorleans, gérant du label Sans Commentaire et producteur de Kandiafa, se souvient aussi de la vitesse à laquelle il a créé tous les morceaux : "Tout l’album était déjà prêt dans sa tête. En une nuit, il a posé toutes les bases avec même les accompagnements. C’était assez impressionnant."

Un message écolo

Dès que le disque sort en 2019, ils s’attellent tous les deux à une autre envie de Kandiafa : refaire son premier album. Après avoir eu l’accord de Lewis Melville, Vincent et Kandiafa partent alors vers une idée de morceaux plus simples et moins longs. Kandiafa réenregistre ses pistes et est pointilleux. Il rejoue sans cesse ses solos en studios pour tenter de s’approcher de la perfection. Écourté de près de 15 minutes, Planting Trees reste un mariage réussi et un melting pot étonnant.
 
Le message essentiel de Kandiafa est aussi toujours présent : la protection de l'environnement. Dans le titre Djiri ni Tourou, il appelle à planter des arbres pour lutter contre la désertification au Mali et pour garder à porter de mains cette source de vie: "Les arbres empêchent d’avoir trop de poussière. Ils nous donnent des aliments et des médicaments. Ils sont importants pour les humains, quoi !" Enregistrées il y a dix ans, ces chansons écolos prennent une résonance encore plus forte en 2020.

Kandiafa Planting Trees (Sans Commentaire) 2020

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