Cheikh Ibra Fam porteur d’une élégante afropop
Après quatre années au service du mythique Orchestra Baobab, monument cinquantenaire de la musique sénégalaise, Cheikh Ibra Fam signe sous son propre nom Peace in Africa. Un premier opus à dimension internationale. Avec une palette afropop très large, le chanteur et multi-instrumentiste défend des valeurs d’amour, d’espoir et de spiritualité. Rencontre.
RFI Musique : vous signez un premier album international sous votre nom après trois albums parus uniquement au Sénégal. Il s’appelle Peace in africa. Que symbolise pour vous ce titre ?
Cheikh Ibra Fam : l’Afrique représente tout pour moi, c’est le continent qui m’a donné la vie, le vrai sens de la paix intérieure et comment relativiser dans chaque étape de la vie. Peace in Africa est une forme de reconnaissance envers ce continent.
Quel regard portez-vous sur la guerre que nous connaissons aujourd’hui entre la Russie et l’Ukraine ?
Non à la guerre ! Aujourd’hui, je perds les mots quand je vois les enfants, les femmes enceintes tuées, ça me choque. L’homme oublie vite… On a toujours fait la guerre, et de ce fait, on en connaît tous malheureusement les conséquences. Ça n’a jamais apporté quelque chose de positif. Il est plus facile de détruire que de construire. Moi, j’ai toujours prôné la paix, que ce soit en Afrique ou ailleurs, car nous vivons tous dans le même monde et sommes tous pareils.
Vous chantez en wolof, en français, en anglais mais aussi en bambara. Les thèmes que vous abordez sont très variés. Quel est le fil rouge que l’on retrouve dans vos chansons ?
C’est vrai que je chante dans plusieurs langues pour toucher un public plus large et aborder différents thèmes en fonction de mon inspiration. Diom Gnakou Fi, par exemple, est une chanson qui parle de la vie dure, des jeunes qui traversent l’océan en pirogue et très souvent, meurt en mer avant même d’arriver en Europe. Une chanson d’espoir pour la jeunesse africaine. Dans l’album, il y a aussi Diarabi qui fait honneur à la femme africaine. L’amour occupe une très grande place dans mes textes.
Musicalement votre esthétique est arc-en-ciel avec un coté mainstream. Cela va des balades au hip hop en passant par le reggae etc… Vous avez besoin de toutes ces orientations pour nourrir votre création ?
J’ai toujours été un artiste curieux. Je voyage à travers la musique. J’ai constamment écouté différents styles et je pense que ça a nourri cette diversité. Aujourd’hui, les mélomanes ne se limitent plus. On écoute vraiment pleins de choses à la fois, raison encore pour laquelle on trouve un peu de tout dans ma musique.
Il y a pas mal d’invités sur votre album. Le « grand frère » Cheikh Lô, la chanteuse de reggae roots Mo’Kalamity.... Que vous ont apporté ces collaborations ?
Pour moi, la musique est un partage. Je voulais donc enregistrer et partager cet album avec des artistes talentueux. De plus ce sont de belles personnes humainement, qui représentent mon continent. Je suis fier d’avoir eu cette chance.
Avant cet album vous avez été le chanteur du mythique Orchestra Baobab, ce monument de la musique sénégalaise. Que vous a apporté cette expérience ?
Orchestra Baobab, c’est mon école. J’ai beaucoup appris avec eux. Et ce n’est pas fini d’ailleurs! J’ai toujours eu une carrière solo en parallèle tout en étant membre du Baobab, et ça va continuer. Pour moi c’est plus une institution qu’un groupe de musique. Ils m’ont donné la possibilité de me perfectionner, apporter de l’expérience et surtout appris l’importance d’avoir une bonne direction artistique! J’ai un très grand respect vis-à-vis d’eux : Papa Thierno Koité, Mountaga Koité, Yakhya Fall et tout le reste du groupe.
Le titre The futur a été enregistré avec Balla Sidibé membre fondateur de cet orchestre quelques jours avant sa mort le 30 juillet 2020. Je suppose que ce morceau a une signification particulière pour vous ?
C’est plus qu’une chanson pour moi. Balla Sidibé m’a beaucoup appris. Musicalement, je ne pourrai jamais l’oublier. Je me souviens du jour de l’enregistrement, il est venu au studio et il s’est donné à fond. J’ai senti qu’il voulait me montrer son amour et son soutien. Aujourd’hui, j’aurai bien aimé qu’il soit là… mais c’est la vie. Je lui dédie cet album, en lui disant merci Balla!
Vous avez été formé au conservatoire de Milan en Italie pendant six ans. Qu’avez-vous tiré de cette formation que j’imagine rigoureuse ?
Le conservatoire m’a aidé à mieux comprendre la musique. Surtout de savoir jouer des instruments. C’est très important pour un artiste car ça me permet d’avoir plus de liberté dans ma créativité et de mieux cerner mon inspiration.
Vous vivez désormais sur l’île de la Réunion dans l’océan Indien après avoir vécu à Dakar. Pourquoi ce choix de vie insulaire ?
J’ai toujours été un grand voyageur, toujours été nomade. J’aime découvrir d’autres mondes, d’autres cultures. Aujourd’hui j’habite à la Réunion avec ma famille, mais demain ça peut être ailleurs aussi ! En tout cas, c’est une île qui m’inspire beaucoup par son métissage culturel. Il fait bon vivre là-bas ! La Réunion «nou lé la»!
Cheikh Ibra Fame Peace in Africa en CD et vinyles (Soulbeats Music/Sakifo/Disques Nuits d’Afrique/Baco distrib/RFI Talent) 2022
Concerts :
le 05/05 - New Morning (Paris)
le 22/07 - Montréal, Canada - Festival Nuits d’Afrique
le 09/08 - Vertheuil Médoc, France - SunSka Festival